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Dans cette sorte de prosopopée allégorique, l’auteur fait parler les poissons fossiles pour se plaindre d’avoir été victimes du déluge universel, bien que fort innocents des crimes qui l’avaient motivé. Ils se plaignent aussi de l’injustice des hommes qui ne veulent pas les reconnaître aujourd’hui pour les ancêtres des poissons actuels et qui les rabaissent au point de les reléguer parmi les pierres brutes.

Ce travail, à part la forme que justifient les idées du temps, avait un intérêt réel par ses planches, qui représentent, d’une manière très-reconnaissable, des poissons ou ichthyolithes de la plupart des localités les plus célèbres aujourd’hui, tels que ceux des schistes cuivreux du Mansfeld, des couches jurassiques supérieures de Pappenheim en Bavière ou d’Altdorf, ceux du groupe nummulitique du mont Bolca et des schistes de Glaris. On y trouve aussi figurés des poissons de la Hesse, de Lunebourg, de l’argile de Londres et d’autres provenant de localités plus éloignées encore, telles que la Syrie, le Maryland et la Caroline. Ces gisements d’ichthyolithes les plus importants ont été ainsi illustrés, il y a plus d’un siècle et demi, par un savant que les zoologistes de nos jours, entre autres Cuvier, ont traité légèrement en le jugeant au point de vue de la science moderne et en ne voyant dans ses ouvrages que les parties qui prêtent à la critique.

Sans doute sa méprise sur la Salamandre fossile d’Œningen, qu’il décrivit sous le titre d’Homo diluvii testis[1], et que le grand anatomiste français remit à sa vraie place, est peu excusable de la part d’un médecin instruit, mais il ne faut pas pour cela méconnaître ses mérites à d’autres égards.

Lorsqu’on étudie avec quelque attention les travaux de

  1. In-4. Zurich, 1726. — Voy. aussi Physica sacra, pl. 49, p. 66. ― Le dessin a été reproduit sans observation par Bourguet, d’Argenville et Lesser, mais J. Gesner a pensé que ce fossile pouvait être un poisson du genre Silure. — Voy. aussi Andræa, Hannov. magaz., 1764, p. 619 et 774. — Scheuchzer a encore écrit une lettre sur un squelette d’Éléphant pétrifié, Journal helvétique, mars 1758.