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pour étendre les limites posées. Ainsi, il y a plus d’individus qui n’atteignent pas le développement et la durée normale de l’espèce à laquelle ils appartiennent, qu’il n’y en à qui la dépassent. Il en est de même de ceux qui restent au-dessous de la grandeur qu’ils pourraient atteindre, de sorte qu’à certains égards la nature semble plus disposée à diminuer ses œuvres qu’à les perfectionner et à en prolonger la durée. Aussi Brocchi suppose-t-il que l’espèce a dû être douée, dans l’origine, d’une certaine quantité de forces vitales qui, après avoir acquis son maximum de développement, s’est graduellement affaiblie jusqu’à ne pouvoir plus se reproduire dans les derniers germes.

Il y a dans ces idées du savant Italien un rapport frappant avec ce que nous offre l’étude des faunes anciennes ; mais il s’appuie sur de mauvaises preuves en prenant pour des espèces en voie de décroissement et d’affaiblissement des animaux réellement distincts.

Après avoir rectifié quelques assertions fausses de Bruguière sur la répartition de certains genres dans les couches de la terre, Brocchi établit la distinction fondamentale des fossiles des roches calcaires solides des pays de montagnes, fossiles pétrifiés ou bien à l’état de moules et d’empreintes, dont les espèces sont toutes inconnues aujourd’hui (Bélemnites, Ammonites, Gryphites, Dicérates, Térébratules, etc.), d’avec ceux des dépôts meubles plus récents, des collines et des plaines, dont un grand nombre ont encore leurs analogues vivants et dont les espèces perdues conservent néanmoins une grande ressemblance avec celles de nos jours.

Qu’il y ait, dit plus loin l’auteur (418), une relation entre l’âge des couches et la nature des espèces, et que les premières soient d’autant plus anciennes qu’elles renferment un plus grand nombre de coquilles différentes de celles que nous connaissons, c’est un fait évident qui a déjà été attesté par beaucoup de naturalistes.

Or, ce fait évident pour Brocchi, et qui est le principe général de la science moderne, était en réalité bien moins répandu qu’il ne le croyait et parfaitement ignoré de ce côté des Alpes, comme nous le dirons en exposant les doctrines professées