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de ces espèces ait son analogue vivant. Quant aux nombreuses coquilles et aux autres corps marins des montagnes du Véronais, l’auteur suppose qu’une violente inondation générale a été suivie de plusieurs autres partielles, et il étend sa théorie, fort obscure d’ailleurs, à tout le reste du globe.

Mais si, au point de vue géologique, les idées de S. Volta sont plus que contestables, on doit reconnaître que, sous le rapport iconographique, son ouvrage est une des plus magnifiques publications du xviiie siècle. Il laisse bien loin derrière lui tout ce qui a été fait sur cette matière, et c’est encore aujourd’hui la plus belle monographie ichthyologique locale qui existe dans la science. L’exactitude des dessins, tous représentant les espèces de grandeur naturelle, fait regretter que les auteurs systématiques et classificateurs venus après Volta, en plaçant dans des nouveaux genres qu’ils ont créés les espèces qu’il a figurées, aient en quelque sorte rayé le nom de ce laborieux savant de la plupart des ouvrages de paléozoologie, ou fait en sorte qu’il ne s’y trouve plus que comme un souvenir mêlé et confondu avec tant d’autres noms qui ne méritent pas l’honneur d’être rappelés[1] ; ce nivellement général qu’exécutent à l’envie les classificateurs de nos jours n’est ni juste ni réfléchi.

Revenons encore à Fortis, qui, pendant son séjour en France, au commencement de ce siècle, donna dans notre langue une édition de ses mémoires[2]. Il y fit beaucoup de changements et d’additions, entres autre son travail sur les Discolithes, qui occupe la moitié du second volume. Sous ce nouveau nom l’auteur désigne les corps connus dès l’antiquité sous ceux de pierres lenticulaires, de Numismales, etc., et que nous verrons attirer constamment l’attention des naturalistes, aussi bien par

  1. Les matériaux, précieux par leur nombre et leur belle conservation, qui ont servi à ce grand ouvrage, faisaient partie de la collection Gazzola. Ils furent acquis par le général Bonaparte en 1797 et donnés par lui au Muséum d’histoire naturelle à son retour d’Italie.
  2. Mémoires pour servir à l’histoire naturelle et principalement à l’oryctographie de l’Italie et des pays adjacents, 2 vol. in-8 avec planches. Paris, 1802.