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Scheuchzer, qu’il décrivit et représenta de nouveau. Il reconnut que les coquilles fossiles du mont San Luca, près de Bologne, n’avaient point leurs analogues dans les mers d’Europe et qu’elles devaient provenir de l’océan Indien. Malgré la difficulté de prouver alors une pareille assertion, ou doit savoir gré à l’auteur d’avoir compris la nécessité de comparer les coquilles vivantes et fossiles et de chercher dans les premières les représentants des secondes. Il observa aussi au Monte Maggiore des Balanes en place, qui avaient conservé leur coloration première.

Vallisnieri, Zannichelli, etc. Jusqu’à présent nous n’avons guère vu que des naturalistes collectant les faits sans les coordonner ; Vallisnieri[1] est un des premiers qui ait porté ses vues plus loin et se soit occupé sérieusement de la géologie de l’Italie. En combattant l’hypothèse de Woodward, il traça la disposition générale des dépôts marins, fit voir comment ils s’étendaient dans le Frioul, le Vicentin, le Véronais, les territoires de Reggio, de Modène, de Bologne, le long de la Romagne, puis au midi, dans les environs de Messine, sur le versant méridional, le long de l’Apennin, en Toscane, dans le Pisan, le Livournais et le pays génois. L’auteur conclut de tous ces faits qu’à une certaine époque la mer occupait cette surface, qu’elle y séjourna longtemps et que cette circonstance fut tout à fait indépendante de la catastrophe passagère du déluge de Noé.

En poursuivant ses recherches, Vallisnieri constata la présence des dépôts marins de Fossombrone sur le territoire d’Urbino, puis dans l’État de Parme et au delà ; il signala quelques-unes des éminences de même nature qui longent le pied des Alpes lombardes, et il se proposait d’en déterminer les altitudes à l’aide du baromètre pour comparer leur niveau avec celui des couches supposées contemporaines de la Romagne. Enfin, il y joignit un travail graphique de la localité du mont Bolca, déjà célèbre parle nombre et la belle conservation de ses ichthyolithes ou poissons fossiles[2].

  1. Dei corpi marini che sui monti si trovano. Ven., 1721.
  2. Opere, vol. II, p. 359.