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rentes ; enfin, ce qui était le fond de la mer est devenu le sommet des montagnes[1].

À partir de cette époque et jusqu’au commencement du xixe siècle, les recherches sur les corps organisés fossiles ont constamment occupé les naturalistes, et nous pourrions citer plus de 80 noms d’auteurs qui ont traité ce sujet sous divers points de vue ; mais nous nous bornerons à rappeler ceux auxquels la science est le plus redevable, et qui, à des faits bien observés, ont su ajouter souvent des idées justes.

Allessandro degli Allessandri (1461-1523)Au quinzième siècle, Alessandro degli Alessandri, dans son ouvrage intitulé Dies geniales, signale les coquilles pétrifiées des montagnes de la Calabre, dont la mer aurait recouvert les sommités soit par suite d’un soulèvement de son lit après quelques révolutions extraordinaires, soit par un changement de l’axe de rotation de la terre qui aurait déplacé les eaux à sa surface. Cette dernière hypothèse, dont Laplace démontra de nos jours le peu de probabilité, fut donc émise trois cents ans avant les écrits de certains géologues modernes qui la présentèrent comme nouvelle.

xvie siècle.Vers 1517, la construction de la citadelle de Saint-Félix, à Vérone, amena la découverte d’un grand nombre de coquilles fossiles qui furent le sujet de dissertations et de discussions très-animées. Fracastoro[2] démontra qu’elles ne pouvaient être attribuées au déluge de Moïse, et qu’il était absurde de recourir à l’action des forces plastiques de la nature pour expliquer leur existence en cet endroit. Il en conclut au contraire qu’elles provenaient de véritables animaux qui vécurent et se multiplièrent là où se trouvent aujourd’hui leurs dépouilles. Les montagnes ont été ainsi formées par la mer, qui, en se retirant, les a laissées derrière elle.

  1. Essai sur les ouvrages phys. et mathém. de Léonard de Vinci, avec des fragments tirés de ses ouvrages manuscrits rapportés d’Italie, lu à l’Institut par J. B. Venturi. Paris, 1797. — Il est singulier que Brocchi, à l’excellent Discours duquel nous empruntons ici de nombreux détails, n’ait pas mentionné les observations de ce grand artiste.
  2. Voy. Bonanni, Museum Kircherianum, p. 198.