Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/469

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les Éléphants, les Rhinocéros, les Cerfs gigantesques, les Ours fossiles ne diffèrent pas plus de ceux d’à présent que les races des chiens ne diffèrent entre elles, on ne pourrait pas conclure de là l’identité d’espèces, parce que les races des chiens ont été soumises à l’influence de la domesticité, que ces autres animaux n’ont ni subie ni pu subir.

« Au reste, lorsque je soutiens que les bancs pierreux contiennent les os de plusieurs genres, et les couches meubles ceux de plusieurs espèces qui n’existent plus, je ne prétends pas qu’il ait fallu une création nouvelle pour produire les espèces aujourd’hui existantes. Je dis seulement qu’elles n’existaient pas dans les lieux où on les voit à présent, et qu’elles ont dû y venir d’ailleurs. »

Cuvier expose ici l’hypothèse des migrations géographiques dont les personnes peu familiarisées avec la connaissance des terrains ont souvent abusé. Elle consiste à supposer qu’un continent s’étant abaissé, ou sa surface ayant été envahie par les eaux, les animaux qui vivaient sur cette surface ont été enfouis dans les nouveaux sédiments, puis que dans le même temps une région voisine s’est élevée au-dessus du niveau de la mer, ce qui a permis à des animaux qui vivaient plus loin d’émigrer pour venir habiter cette terre nouvellement émergée ; si alors l’ancien continent vient à être de nouveau porté au-dessus des eaux et mis en relation avec l’une des terres précédentes, la population de celle-ci s’établira sur les anciennes qui avaient été enfouies lors de la première submersion.

En supposant cette hypothèse fondée, on voit encore qu’elle ne serait applicable qu’aux animaux terrestres qui peuvent se déplacer, et par conséquent à une assez petite partie de l’histoire de la terre. Quant aux reptiles, leur migration serait peu probable ; et, si celle des poissons est plus admissible, la plus grande quantité des animaux inférieurs n’en est pas susceptible directement, comme le prouve leur distribution et leur limitation géographiques actuelles. Ce ne serait que par le transport des germes que ces migrations et ce repeuplement pourraient avoir lieu, et le phénomène serait d’ailleurs, pour