Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

effigiem reddens, præmittitur prædivina somnia repræsentare[1]. Or, rien n’est moins explicite que ce texte. Aucun voyageur n’a signalé d’Ammonites dans cette partie de l’Afrique, et il faudrait supposer, de plus, que ces prétendues Ammonites étaient à l’état de fer sulfuré, fort petites et d’une parfaite conservation, pour qu’on pût les regarder comme des pierres précieuses ou gemmes. Le texte du Polyhistor de Solinus, sur lequel on s’est aussi appuyé, ne fait que reproduire la pensée de Pline sans y rien ajouter. Illic et lapis legitur ; Hammonis vocant cornum, nam ità tortuosus est et inflexus ut effigiem reddat cornûs arietini ; fulgore aureo est. Prædivina somnia repræsentare dicitur subjectus capiti incubamtium[2].

Le lyncurium du grand écrivain latin, pierre de couleur d’ambre, regardée comme une concrétion provenant du lynx, et ses Idæi dactyli, ou doigts du mont Ida[3], ne sont aussi rien moins que des Bélemnites, qui n’existent pas en Crète. Ses diphytes ne sont pas davantage des empreintes ou des moules de Spirifère auxquels les naturalistes de la Renaissance ont donné le nom d’histérolithes.

On voit ainsi que parmi les corps organisés fossiles les plus répandus dans la nature, au moins dans les terrains secondaire et tertiaire, savoir : les Ammonites, les Bélemnites, les brachiopodes et les Nummulites, ces dernières sont les seules qu’on puisse dire avec certitude avoir été connues des anciens et suffisamment désignées par eux, puisqu’on les retrouve précisément sur les lieux où ils les ont signalées. On le conçoit d’autant mieux que les autres formes, dont on leur a attribué la connaissance, sur des suppositions ou des interprétations gratuites, manquent jusqu’à présent ou sont au moins très-rares dans les pays les plus civilisés de l’antiquité.

Tel est en résumé le bilan de la paléontologie chez les Grecs

  1. Historia mundi, lib. XXVI, p. 409.
  2. Chap. xxvii, p. 113, in-8. Deux-Ponts, éd. de 1794.
  3. Ibid., liv. XXXVI et XXXVII. — Solinus ne fait également ici que répéter Pline. (Voy. Polyhistor, p. 39 et 67.)