Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/403

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la Marne, de l’Oise et de la Seine, tenait en dissolution le gypse, qui se déposa de manière à former une île entourée de pierre calcaire. Ce lac devait occuper à peu près l’espace compris entre ces quatre cours d’eau.

La carte jointe au mémoire de Lamanon représente l’étendue présumée du lac gypseux qui, dans l’hypothèse, n’est point assez prolongée à l’ouest vers Marines, ni au sud vers Antony ; mais cet essai n’en était pas moins remarquable pour le temps. L’auteur suppose qu’après l’écoulement des eaux du lac, son lit a été cultivé et habité par les hommes. Ce lit était plus considérable que celui du lac de Genève ; il était, comme tous les lacs suisses, plus long que large, et sa première dimension était dans le sens de la rivière la plus importante.

De Lamanon décrit les alternances de gypse, de marnes et de marnes gypseuses en couches horizontales, parallèles, renfermant des coquilles qui ne vivent point dans la mer, qu’il prend pour des Unio et des Cyclades, et qu’il suppose exister encore dans la Seine, la Marne ou la Bièvre. Il mentionne également un Planorbe, et conclut que des coquilles d’eau douce peuplaient cet ancien lac. Quant à la formation du gypse, il admet que les eaux de la Marne apportaient le carbonate de chaux de la Champagne ; la décomposition des pyrites de la craie fournissait l’acide sulfurique, qui, réagissant sur le carbonate, se serait emparé de sa base. Cette hypothèse lui paraissait plus plausible que celle de Lamétherie qui attribuait le gypse à des émanations volcaniques.

Après l’écoulement des eaux du lac du côté de Meulan, ou vers l’ouest, les eaux pluviales ont sillonné son fond, les rivières ont creusé leur lit dans ces dépôts, et dès lors le pays a commencé à prendre l’aspect que nous lui voyons.

Des ouvriers des carrières ayant assuré à de Lamanon qu’ils avaient trouvé une clef en fer au milieu du gypse de Montmartre, que d’autres objets du même métal avaient été recueillis dans les mêmes conditions à Belleville et à Charonne, le savant naturaliste ne doutait point que l’homme, précédant la mise à sec du sol actuel de l’Ile-de-France, n’eût vécu sur les bords