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ébauches faiblement tracées de nos classifications actuelles.

La première époque est celle où le globe, étant à l’état de fluidité ignée, a pris sa forme en se renflant vers l’équateur et s’aplatissant aux pôles, en vertu de son mouvement de rotation et de la théorie des forces centrales ; la seconde, celle où la consolidation de la matière fluide, par suite du refroidissement, a formé les grandes masses de matières vitrescibles, telles que les gneiss, les granites et autres roches cristallines anciennes ; la troisième, celle où la mer, recouvrant les terres actuellement habitées, a nourri les animaux à coquilles dont les dépouilles ont formé les roches calcaires ; la quatrième, celle de la retraite de ces mêmes mers de nos continents pour se renfermer dans leurs bassins actuels, et la cinquième, celle pendant laquelle ont vécu sur les terres du nord les Éléphants, les Rhinocéros, les Hippopotames, et autres grands animaux des contrées chaudes de nos jours. Cette époque, dit l’auteur, est évidemment postérieure à la quatrième, puisque les dépouilles de ces animaux terrestres se trouvent dans le sol superficiel, tandis que celles des animaux marins sont pour la plupart dans les mêmes lieux enfouis à une très-grande profondeur. Ainsi le jugement de Buffon, qui avait peu voyagé, était ici bien supérieur à celui de Pallas qui avait parcouru tant de pays, car nous avons vu ce dernier confondre les dépôts superficiels à ossements (quaternaires) des rives de l’Oka et du Volga avec les couches anciennes (système permien) de la même région.

Contrairement à l’opinion de Gmelin, qui supposait que les cadavres de ces mammifère avaient été charriés du S. au N. par une grande inondation, Buffon s’attache à prouver qu’ils ont dû vivre sous les zones tempérée et glaciale actuelles. On a vu (antè, p. 213) que dès 1705 des ossements d’un très-grand animal trouvés dans les alluvions des bords de l’Ohio appuyaient les idées du naturaliste français, qui le regarda comme un Éléphant d’une espèce perdue et en signala d’autres observés au Canada, en Tartarie et en France, près de Simorre. Cet animal, désigné depuis sous le nom de Mastodonte de l’Ohio (antè, p. 215) et dont les dents ont été très-bien figurées dans les Époques de la nature,