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en l’observant de près, on s’apercevra que son cours n’est pas absolument uniforme ; on reconnaîtra qu’elle admet des variations sensibles, qu’elle reçoit des altérations successives, qu’elle se prête même à des combinaisons nouvelles, à des mutations de matière et de forme, qu’enfin autant elle paraît fixe dans son tout, autant elle est variable dans chacune de ses parties ; et si nous l’embrassons dans toute son étendue, nous ne pourrons douter qu’elle ne soit aujourd’hui très-différente de ce qu’elle était au commencement et de ce qu’elle est devenue dans la succession des temps ; ce sont ces changements divers que nous appelons ses Époques. »

Tel est l’ordre d’idées où se place l’auteur au début de ses Èpoques de la nature, publiées, comme nous l’avons dit, 29 ans après sa Théorie de la terre. Il examine ensuite les faits qui, dit-il, peuvent nous rapprocher de l’origine des choses et parmi lesquels il mentionne l’existence des coquilles et d’autres produits organiques de la mer sur toute la surface des continents et des îles jusqu’à une très-grande hauteur.

Il rappelle ce qu’il a dit dans l’ouvrage précédent : que toutes les roches calcaires ont pour origine des débris organiques marins, excepté les calcaires spathiques, l’albâtre provenant de précipité chimique, les stalactites, etc., et il appuie cette opinion des faits déjà énoncés sur les coquilles, les poissons et les plantes. Par les ossements de grands mammifères provenant de la Sibérie et de l’Amérique Nord, il prouve l’existence d’une chaleur propre du globe qui a permis à ces animaux de vivre sous des latitudes où ils ne vivraient plus aujourd’hui et où on les trouve enfouis presque à la surface du sol.

Buffon fait voir ensuite que les roches cristallines, qu’il appelle la formation des matières vitrescibles, sont bien plus anciennes que les calcaires qui résultent de la destruction et de l’agglutination des débris d’animaux marins. Il est ainsi conduit à distinguer d’abord cinq époques dans les âges de la terre, époques très-vaguement définies, comme nous allons le dire, et qui ne sont que les germes, encore bien peu distincts, ou les