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possibles ou impossibles, et auxquelles il serait superflu d’appliquer la règle des probabilités. Dire que la mer a autrefois couvert toute la terre, qu’elle a enveloppé le globe entier, et que c’est par cette raison qu’on trouve des coquilles partout, c’est ne pas faire attention à une chose très-essentielle, qui est l’unité de temps de la création ; car, si cela était, il faudrait nécessairement dire que les coquillages et les autres animaux habitants des mers, dont on trouve les dépouilles dans l’intérieur de la terre, ont existé les premiers et longtemps avant l’homme et les animaux terrestres ; or, indépendamment du témoignage des Livres sacrés, n’a-t-on pas raison de croire que toutes les espèces d’animaux et de végétaux sont à peu près aussi anciennes les unes que les autres ? »

Ce passage montre combien Buffon subissait l’influence des idées de son époque et combien il avait peu étudié encore cette nature dont il parlait ; il peut aussi servir de terme de comparaison pour faire apprécier la distance qui sépare ses premières spéculations des dernières.

En parlant plus loin des coquilles et autres productions de la mer qu’on trouve dans l’intérieur de la terre, « j’ai souvent, dit-il (p. 240), examiné des carrières du haut en bas, dont les bancs étaient remplis de coquilles ; j’ai vu des collines entières qui en sont composées, des chaînes de rochers qui en contiennent une grande quantité dans toute leur étendue. Le volume de ces productions de la mer est étonnant, et le nombre des dépouilles de ces animaux marins est si prodigieux qu’il n’est guère possible d’imaginer qu’il puisse y en avoir davantage dans la mer. C’est en considérant cette multitude innombrable de coquilles et d’autres productions marines qu’on ne peut pas douter que notre terre n’ait été, pendant un très-long temps, un fond de mer peuplé d’autant de coquillages que l’est actuellement l’Océan ; la quantité en est immense, et, naturellement, on n’imaginerait pas qu’il y eût dans la mer une multitude aussi grande d’animaux ; ce n’est que par celle des coquilles fossiles et pétrifiées qu’on trouve sur la terre que nous pouvons en avoir une idée. En effet, il ne