autres ; que les pierres dans les carrières étaient de diverses couleurs et de diverses natures, de dureté et de qualité variables ; qu’elles étaient disposées par lits au-dessus les unes des autres, il en conclut que le tout a été formé dans la mer, non pas en même temps, mais successivement, dans l’ordre où l’on voit chaque pierre, et que, par conséquent, la mer avait dû se retirer de plus en plus pour les laisser toutes à sec.
Pour s’assurer de ce premier fait, de Maillet étudie avec soin les côtes, la manière dont les dépôts s’y forment, et cherche même à se rendre compte des caractères de ceux qui sont à une plus ou moins grande profondeur. Il examine l’action des courants marins, celle des fleuves et des rivières qui ont des bancs ou des barres à leur embouchure, puis l’influence que peut avoir la forme de la plage ouverte ou resserrée, à pentes rapides et escarpées, ou très-plate, vaseuse, sableuse, caillouteuse, unie ou accidentée, sur la composition, la disposition, la hauteur, l’étendue et la direction des dépôts. Il reconnaît alors la plus grande analogie entre les caractères des roches dans les montagnes, les collines et les vallées, et ce qui se passe encore sous la mer et sur ses bords.
« Le nombre prodigieux de coquillages de mer de toute espèce, dit-il (p. 28), cimentés à l’extérieur de l’une et l’autre de ces congélations, depuis les bords de la mer jusqu’au plus haut de nos montagnes, ainsi qu’on le remarque à ses rivages et dans les lieux qui en sont voisins, ne lui parut pas une preuve moins convaincante de leur fabrication dans le sein de celle où ces poissons naissent, vivent et meurent[1]. Des bancs considérables d’Huîtres qu’il rencontra sur certaines collines, d’autres qui lui parurent insérés dans la substance même des montagnes, des monts entiers de coquillages
- ↑ Il ne faut pas oublier que Tellimaed est le résultat supposé des entretiens de l’auteur avec un voyageur indien dont il reproduit la conversation. Il avait sans doute, pour présenter ses idées sous cette forme et sous un pseudonyme, les mêmes motifs que beaucoup de ses contemporains et de ses prédécesseurs.