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peu intelligible aujourd’hui. Suivant l’auteur, la plupart des coquilles de la Méditerranée sont représentées dans ce dépôt abandonné par la mer, dont il constituait l’ancien lit.
De Réaumur.

Mais, en réalité, c’est le mémoire de Réaumur sur les coquilles marines de quelques cantons de la Touraine[1] qui est venu rouvrir la voie depuis si longtemps fermée. Ces amas de coquilles brisées ou entières, que l’on exploite pour l’amendement des terres, à une faible profondeur au-dessous de la surface du sol, et désignés dans le pays sous le nom de faluns, ont été attribués par l’auteur à leur véritable origine, c’est-à-dire au séjour de la mer dans cette partie du bassin de la Loire.

« Ce doit être encore une chose étonnante, dit Fontenelle, que le sujet des observations de M. de Réaumur, une masse de 130,680,000 toises cubes, enfouie sous terre, qui n’est qu’un amas de coquilles ou de fragments de coquilles, sans nul mélange de matière étrangère, ni pierre, ni terre, ni sable ; jamais, jusqu’à présent, les coquilles fossiles n’ont paru en si énorme quantité, et jamais, quoiqu’en une quantité beaucoup moindre, elles n’ont paru sans mélange.

« Ce qu’on tire de terre et qui ordinairement n’y est pas à plus de 8 ou 9 pieds de profondeur, ce ne sont que de petits fragments de coquilles très-reconnaissables pour en être des fragments ; car ils ont les cannelures très-bien marquées ; seulement ils ont perdu leur luisant et leur vernis, comme presque tous les coquillages qu’on trouve en terre doivent y avoir été longtemps enfouis. »… « Quelquefois il se trouve des coquilles entières. On reconnaît les espèces tant de celles-ci que des fragments un peu gros ; quelques-unes sont comme sur les côtes du Poitou ; d’autres appartiennent à des côtes éloignées. Il y a jusqu’à des fragments de plantes marines pierreuses telles que des Madrépores, des Champignons de mer, etc… Le canton qui en quelque endroit qu’on fouille fournit du falun a bien neuf lieues carrées de surface. On ne perce jamais la minière de falun

  1. Mém. de l’Acad. r. des sciences, année 1720, p. 400.