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quantité de fer. Le même mode d’action minéralisatrice est ensuite appliqué aux poissons et aux coquilles. Il cite déjà les ichthyolithes ou poissons pétrifiés des schistes cuivreux du Mansfeld ; il parle d’une manière fort exacte du changement du test des coquilles en calcaire spathique, sans que leurs formes et les plus petits accidents de leur surface aient disparu ou aient été modifiés. Ainsi l’on voit que les altérations, les substitutions de matières, les divers arrangements moléculaires apportés par certaines circonstances dans l’état ou dans la composition des restes organiques, animaux et végétaux, par suite de leur séjour, plus ou moins prolongé dans les couches de la terre, avaient été compris et expliqués en France il y a près de trois siècles.

« Il est donques aisé à conclure, continue Palissy (p. 219), que les poissons qui sont réduits en métal ont esté vivants dans certaines eaux et estangs, èsquelles eaux se ont entre-meslées autres eaux métalliques qui depuis se sont congelées en minière d’airain, et ont congelé le poisson et le vase, et les eaux communes se sont exalées suivant l’ordre commun, qui leur est ordonné comme ie t’ay dit cy dessus ; et si lors que les eaux se sont congelées en métal il y eut eu en icelles quelque corps mort, soit d’homme ou de beste, il se fut aussi réduit en métal : et de ce n’en faut aucunement douter. »

Plus loin (p. 272) il réfute l’opinion de Cardau, qui croyait que les coquilles pétrifiées étaient venues de la mer pendant le déluge. « Et quant est du poisson portant coquille, continue-t-il, au temps de la tourmente ils s’attachent contre les rochers en telle sorte que les vagues ne les sçauroyent arracher, et plusieurs autres poissons se cachent au fond de la mer, auquel lieu les vents n’ont aucune puissance d’esbranler ny l’eau ny le poisson. Voilà une preuue suffisante pour nier que les poissons de la mer se soyent espandus par la terre és jours du Deluge. Si Cardanus eust regardé le livre de Genese il eust parlé autrement : car là Moyse rend témoignage qu’és jour, du Deluge, les abymes et ventailles du ciel furent ouuertes, et pleut l’espace de quarante jours, lesquelles pluyes et abymes amenèrent les eaux sus la terre et non pas le desbordement