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de la mâchoire inférieure, deux vertèbres, un fragment de côte, un d’omoplate, une tête d’humérus, un fémur, un tibia, un astragale et un calcanéum, le reste ayant été dispersé par les ouvriers. Ils furent le sujet de nombreuses publications et d’une discussion très-vive. Après la brochure dont nous venons de parler, N. Habicot et J. Riolan, un médecin et un chirurgien du temps, entrèrent en lice, et de 1613 à 1618 se livrèrent une guerre acharnée que leurs corporations respectives excitaient à l’envi. Riolan paraît être celui qui s’approcha le plus de la vérité en rapportant ces os à un Éléphant. Par une circonstance particulière, ces débris, dont on avait perdu la trace, furent retrouvés à Bordeaux dans la maison où mourut Mazurier, et, ayant été envoyés au Muséum d’histoire naturelle de Paris, où ils sont encore, ils furent reconnus pour avoir appartenu à un Mastodonte[1].

Des os gigantesques, dit Cassanion[2], ont été déterrés sur la colline de Tain ; des dents pesant chacune dix livres, suivant dom Calmet, ont été rencontrées, en 1667, dans une prairie près du château de Molard, dans le diocèse de Vienne, etc.[3].

Cette croyance à une ancienne race de géants, basée sur ces restes de grands pachydermes, n’était pas d’ailleurs aussi dépourvue de raison qu’on pourrait le croire au premier abord, surtout lorsqu’on ne considérait que les os. En effet, il y a dans le squelette de l’Éléphant et par conséquent dans celui du Mastodonte des parties qui, sauf les dimensions, ont plus d’analogie avec celles qui leur correspondent chez l’homme qu’avec tout autre mammifère ; tels sont les os des membres postérieurs, l’atlas, l’axis, les vertèbres dorsales, les os du tarse, etc.
Bernard Palissy. 1563-1583

Mais si, laissant ces premières données paléozoolegiques plus ou moins vagues, nous cherchons des données géologiques précises et surtout des déductions plus naturelles et plus vraies, nous en trouverons, d’un mérite réel, dans l’œuvre de Bernard

  1. Cuvier, Recherch., etc., vol. Il, p. 56. Note de Laurillard.
  2. De gigantibus, p. 64.
  3. Dict. de la Bible, II, p. 161.