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que ce pouvait être un reptile voisin des Monitors actuels. Pierre Camper avait d’ailleurs remarqué les caractères qui devaient l’éloigner des Crocodiles, tels que le poli des os, les trous de la mâchoire inférieure pour l’issue des nerfs, la racine solide et pleine des dents, la présence de dents au palais, ainsi que les différences présentées par les vertèbres, etc.

Cuvier[1], qui ne laissait jamais échapper une occasion de critiquer Faujas, et qui le faisait même souvent avec une aigreur mal dissimulée, en soumettant à un examen rigoureux le fossile en question, a commencé par faire remarquer que l’auteur de l’Histoire de la montagne de Saint-Pierre n’avait pas même décrit exactement la roche qui le renferme, laquelle, loin d’être un grès quartzeux à grain fin, faiblement lié par un gluten calcaire peu dur, est, au contraire, un calcaire blanc jaunâtre, friable, renfermant à peine quelques grains de sable, ce qui est très-vrai ; mais ce qui ne l’est pas, c’est l’épaisseur tout à fait erronée que le savant anatomiste, sur des renseignements inexacts, attribue au massif calcaire de la colline, qui aurait, dit-il, au moins 449 pieds, tandis qu’en réalité la craie au-dessous du fort Saint-Pierre ne s’élève qu’à 40 mètres au-dessus de la Meuse, et n’en a pas plus de 50 ou environ 150 pieds à la hauteur des carrières. Cuvier ne rapporte point l’épisode de Faujas, qui, étant Commissaire pour les sciences en Belgique, avait dû être bien renseigné ; mais il donne la date de 1780 comme celle où le saurien fut trouvé, ce qui prouve qu’il ne connaissait pas la communication de Lassone, qui remonte à 1771. D’un autre côté, les planches IV et LI portent, en effet, par suite d’une erreur du graveur, la date de 1780. Des restes du même animal ont encore été trouvés, à diverses reprises, dans la même couche près du village de Seichem, au nord-ouest de la ville.

Cuvier, après avoir discuté, avec la sagacité qui le caractérisait, les arguments de ses prédécesseurs et fait voir leur peu de valeur, démontre, d’une manière péremptoire, que l’animal auquel

  1. Recherches sur les ossements fossiles, vol. X, p. 119 (éd. de 1834).