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fossiles d’un animal inconnu. Washington lui en avait donné avis le 7 juillet de l’année précédente, et ces restes, réunis à d’autres qui lui furent communiqués, consistaient en un fragment d’os long (fémur ou humérus), un radius, un cubitus, trois ongles et d’autres os des extrémités.

En comparant ces os avec leurs analogues dans le Lion, Jefferson pensa qu’ils provenaient d’un grand carnassier, qu’il nomma Mégalonyx, à cause de la dimension de ses ongles. Il lui assigna une hauteur de 5 pieds, et le regarda comme ayant dû être un ennemi terrible pour son contemporain le Mastodonte.

Le professeur Wistar, qui décrivit ensuite ces os[1], remarqua qu’il devait, au contraire, exister une certaine analogie entre le pied du Mégalonyx et ceux des Paresseux actuels. Vers le même temps, Peale, fondateur du Muséum de Philadelphie, fit parvenir à G. Cuvier un moulage très-exact des os indiqués par Jefferson, et quelques autres matériaux recueillis dans la même caverne furent rapportés par Palisot de Beauvois.

Ce sont les caractères de la phalange onguéale qui ont surtout servi à rapprocher cet animal des édentés et à l’éloigner des carnassiers. Dans les premiers, en effet, l’articulation est disposée de manière que la flexion puisse se faire en dessous, et c’est l’inverse dans les Felis. Ce qui distingue les phalanges des Paresseux, des Fourmiliers et des Cabassous se retrouve ici, de même que la forme générale. En outre, l’inégalité des phalanges est encore un caractère qui éloignerait le Mégalonyx des Felis et des Paresseux, tandis qu’on l’observe chez les Cabassous et les Fourmiliers vivants.

Bien que l’on doive être habitué, lorsqu’on étudie les travaux d’ostéologie comparée de Cuvier, aux véritables tours de force qu’il accomplit avec sa méthode de la corrélation des parties, la reconstruction de la main du Mégalonyx avec quelques phalanges isolées est une merveille de sagacité. Il en déduit qu’elle a dû appartenir à un édenté, et l’examen du radius

  1. Transact. philos. Soc. of Philadelphia. n° 76. ─ Cuvier, Rech. sur les ossem. fossiles, vol. VIII, p. 304.