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et, quelquefois, (le long de la rivière des Grands-Osages), les animaux étaient placés debout, comme s’ils avaient été simplement enfouis dans la vase. Ils sont fortement imprégnés de solutions ferrugineuses, et nulle part ne sont accompagnés de débris d’animaux marins.

Cuvier se livre ensuite à un examen approfondi des diverses parties du squelette, en commençant par les dents. Il fait voir, relativement à la succession de ces dernières, que, comme dans les Éléphants, elles n’ont jamais existé toutes ensemble. Elles se suivaient d’avant en arrière, de telle sorte qu’il n’y en avait pas plus de deux à la fois fonctionnant de chaque côté, et à la fin même il n’y en avait plus qu’une, comme dans l’Éléphant. Le nombre effectif des mâchelières, qui, dans la jeunesse, pouvait être de huit, n’était donc que de la moitié à la fin de la vie. Ce résultat diminue, par conséquent, beaucoup les dimensions que Buffon avait attribuées à ces animaux, en leur supposant seize dents semblables fonctionnant ensemble. Après avoir ensuite étudié les diverses parties de la tête, les défenses, les os du tronc, ceux des extrémités antérieures et postérieures, le célèbre anatomiste se résume comme il suit (p. 524) :

Le grand Mastodonte de l’Ohio était fort semblable à l’Éléphant par ses défenses et toute l’ostéologie, les mâchelières exceptées ; il avait très-probablement une trompe ; sa hauteur ne surpassait pas celle de l’Éléphant, mais il était un peu plus allongé, avait les membres plus épais et le ventre plus mince ; malgré ces ressemblances, le caractère particulier de ses molaires suffit pour en faire un genre distinct. Il se nourrissait à peu près comme l’Hippopotame et le Sanglier, choisissant de préférence les racines et les autres parties charnues des végétaux, ce qui devait l’attirer vers les terrains humides et marécageux. Il n’était conformé ni pour nager ni pour vivre longtemps dans l’eau, comme l’Hippopotame, et devait être un animal essentiellement terrestre. Ses ossements, beaucoup plus communs dans l’Amérique septentrionale que partout ailleurs, peut-être même exclusivement propres à ce pays, sont mieux conservés et plus frais qu’aucun des autres fossiles connus, et,