actuelles, il préfère attribuer l’élévation de ces dernières
à des commotions du globe, à l’action de décompositions
souterraines, etc., et admettre que le niveau de l’Océan n’a
jamais été à plus de 100 toises au-dessus de son niveau actuel.
Une opinion avancée par Tournefort, et dont les recherches
les plus modernes ont augmenté la probabilité, a été adoptée
par Pallas. Elle consiste à regarder les montagnes qui longent
aujourd’hui le Bosphore comme étant réunies, formant une
barrière continue et isolant de la Méditerranée au sud le grand
bassin qui, au nord, recevait les eaux du Danube, du Dniester,
du Dniéper, du Don et du Kouban. Ce bassin était occupé par un
immense lac plus élevé que la Méditerranée. « La digue s’étant
rompue, dit-il, soit par l’action insensible des eaux, soit par
suite d’un tremblement de terre, les eaux du lac s’écoulèrent
dans la Méditerranée, prirent son niveau, et c’est à leur première
apparition au delà de la rupture qu’on pourrait attribuer
les inondations ou déluges dont les traditions de la
Grèce ancienne ont transmis le souvenir. » La continuité ou
la communication des trois bassins actuels de la mer Noire, de
la Caspienne et de l’Aral, soupçonnée aussi par Tournefort, est
également admise par le savant voyageur russe.
Crimée
Quelques années après, dans son Tableau physique et topographique de la Tauride[1], Pallas a été plus heureux au point de vue géologique que dans ses travaux précédents. Il est vrai que les caractères stratigraphiques de ce pays sont si faciles à saisir, qu’il a pu aisément y distinguer les systèmes de couches de son premier ordre de montagnes, qui correspond pour nous à la période jurassique, son second ordre, qui comprend les dépôts crétacés et tertiaires inférieurs actuels, et, en troisième lieu, des couches de dépôts postérieurs à ces deux époques
- ↑ In-4. Saint-Pétersbourg, 1796. — Éd. de Paris, in-8, 1799 (an VII). — Ed. allem. Leipzig, 1806. — Voy. aussi Harlizl, Description physique de la contrée de la Tauride, relativement aux trois règnes, in-8. Berne, la Haye, 1788. — Éd. allem., in-8. Osnabrück, 1789. ─ Lehmann, Description minéralogique des environs de Sterarussa et les bords du lac Ilmen. (Magaz. de Hambourg, art. 55, p. 72.)