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les filons de même nature doivent leur origine à des fentes parallèles entre elles, ouvertes en même temps, remplies ensuite durant une même période et par les mêmes substances minérales. Ce principe devait être le germe d’une théorie qui a eu du retentissement par son application aux grandes dislocations de l’écorce terrestre. Si, en effet, toutes les dislocations qui ont produit des chaînes de montagnes et qui sont parallèles étaient contemporaines, l’âge des chaînes s’en déduirait naturellement ; mais l’on sait aujourd’hui que les dislocations se sont produites avec la même direction, dans le même espace, à des époques très-différentes, et le principe, dans son application générale, a dû perdre de son importance.

Dans sa nouvelle théorie de l’origine des filons[1], Werner critique celle de Lehmann, et peut-être trouverions-nous là l’explication de ce que nous disions tout à l’heure ; mais si cette dernière, qui consistait à considérer tous les filons comme les ramifications d’un tronc principal placé vers le centre de la terre, n’était pas irréprochable quant à la forme, elle était cependant plus vraie en principe que celle de Werner, qui fait opérer le remplissage de tous les filons par en haut et n’admet pas que leurs substances aient été dissoutes dans un liquide et soient le résultat d’un précipité chimique.

L’un des grands avantages de Werner, c’est d’avoir fondé une école dont les élèves appliquaient les principes partout et rapportaient ce qu’ils voyaient à ces mêmes principes, non d’une manière absolue, mais en les modifiant avec intelligence, suivant les résultats de leurs propres observations, ce qui obviait aux inconvénients d’une subordination trop exclusive à la parole du maître, et ce qui leur était d’autant plus facile que ces principes n’étaient pas écrits. De Humboldt, de Buch, de Charpentier, d’Aubuisson, de Schlotheim, Hoffmann, Eslinger et aujourd’hui leurs continuateurs à Freyberg appartiennent à cette école, qu’ils ont contribué à illustrer. Loin de se faire

  1. Neue Theorie von der Entstchung der Gänge, in-12. Freyberg, 1791. — Traduct. française, in-8, 1802.