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le plus bas, étaient ensevelis dans la vase, laquelle, en se durcissant, conservait leurs empreintes. Il ne fait d’ailleurs aucune réflexion sur l’âge, la position, l’étendue, l’épaisseur et l’origine supposée des dépôts gypseux, quoique le mémoire de Lamanon eût déjà paru, tandis qu’il s’étend longuement sur les cailloux de la Durance. En général, si de Saussure se borne aux caractères généraux et pétrographiques des couches en place, sans essayer de se rendre compte de leurs relations d’âge et de leur mode de formation, en revanche les cailloux, soit des dépôts meubles superficiels, soit des poudingues solides plus ou moins anciens, ont toujours pour lui un attrait particulier. Entre Avignon et Montélimart, il est frappé de la prédominance des cailloux de quartz (p. 361) ; de cette dernière ville à Tain, ce sont ceux de la vallée de l’Isère qui appellent son attention, et les variolites du Drac, regardées à tort par de Lamanon comme d’origine volcanique, ce qu’avait nié Prunelle[1], n’ont pas moins d’intérêt pour lui que celles de la Durance.

En redescendant au sud, il mentionne la mollasse de Pélissane, sans reconnaître ses rapports avec d’autres gisements analogues du pays. La plaine de la Crau lui offre la plus belle occasion possible de disserter sur une mer de cailloux ; elle avait été déjà décrite exactement par Darluc[2], qui attribuait tous ces fragments de roches et leur arrangement aux vagues de la mer, tandis que P. de Lamanon[3] les regardait comme ayant été charriés par la Durance, et Servières par le Rhône[4]. De Saussure rejette l’hypothèse de Lamanon, parce que, suivant lui, les espèces de cailloux qui dominent sur les bords de la Durance ne sont point celles de la Crau, et que réciproquement il n’y en aurait pas un seizième qui fussent communes. L’uniformité de la surface de cette plaine et le volume des cailloux plus considérable

  1. Journal de phys., vol. XXV, p. 174, 1784.
  2. Hist. nat. de la Provence, vol. I, p. 288, 1782.
  3. Journ. de phys., vol. XIX. p. 23, 1782. ─ Ibid., vol. XXII, p.477, 1783
  4. Ibid., vol. XXII, p. 270, 1783.