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des courants actuels. Du côté de l’Italie, la première ligne de montagnes est fort étroite, remplie de roches magnésiennes (serpentines, etc.) ; du côté de la Savoie, c’est une bande de montagnes calcaires d’une largeur considérable. Sur ce dernier côté, la seconde ligne est formée de schistes ardoises et de roches quartzeuses, quelquefois micacées. Vers le Piémont, ces dernières succèdent immédiatement aux roches magnésiennes sans l’interposition des ardoises. Vers le centre, en Savoie, ce sont des roches de pétro-silex, de mica et de feldspath ; en Piémont, ce sont des granites veinés (gneiss). En Savoie, des roches de corne, des alternances de calcaire, d’ardoises et de pétro-silex constituent la partie la plus voisine de la chaîne centrale ; en Piémont, ce sont des calcaires et des roches magnésiennes. Enfin, les gypses parasites manquent au sud ; de sorte, dit l’auteur, que les deux flancs opposés des Alpes ne sont ni semblables, ni symétriques quant aux roches qui les composent. Il en est de même de leurs formes, et la pente méridionale est ici beaucoup plus abrupte que la pente nord, comme on l’observe encore sous le parallèle du Mont-Blanc et du grand Saint-Bernard. Il s’ensuit également que les plus grands escarpements de la chaîne centrale sont tournés vers l’Italie.

(P. IO7.) De Saussure admet bien que toutes les roches n’ont pas été disposées ainsi par des causes régulières et uniformes. « Ce désordre, dit-il, rappelle naturellement à l’esprit l’idée des feux souterrains ; mais comment des feux capables de soulever, de bouleverser des masses aussi énormes, n’auraient-ils laissé, ni dans tous ces lieux ni dans ces mêmes masses, aucun vestige de leur action ? Je n’ai pu découvrir aucune pierre qu’on puisse soupçonner avoir subi l’action du feu. » Ainsi, il ne concevait pas une autre cause interne que celle qui produit les volcans, et tout ce que l’on avait déjà écrit de si judicieux à ce sujet n’avait aucune valeur à ses yeux, ou ne lui était pas connu.
Piémont

L’orographie du pays que l’œil embrasse de la colline de Superga, près de Turin, est parfaitement tracée, et de Saussure fait voir ensuite, en traversant la plaine de la Lombardie,