Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se rendent dans l’océan par le Rhin de celles qui se rendent au sud dans la Méditerranée par le Rhône. L’existence des blocs de granite sur ces grès et leur absence à l’intérieur de la roche lui prouve que la formation de cette dernière est antérieure à la débâcle qui a accumulé sur les basses montagnes extérieures ces débris provenant des montagnes centrales. Le mont de Sion, entre le Vouache et le Salève, lui offre la même composition et les mêmes caractères.
Voyage de Genève à Annecy et à Aix

Nous devons dire dès à présent qu’entre ce premier mémoire et le voyage dont nous allons parler, de Saussure avait parcouru d’autres parties des Alpes sur lesquelles nous reviendrons tout à l’heure, et où il avait trouvé des motifs pour modifier singulièrement son opinion, quant à la formation des couches redressées ; aussi ne devons-nous pas être étonné de le voir admettre, dans son itinéraire de Genève à Annecy et à Aix, que les grès, d’abord peu inclinés, puis verticaux d’Albie, ont été redressés, et cela par cette seule raison qu’il y trouve des cailloux [1]. Ainsi, ce ne sont ni la présence des corps organisés, ni les vrais caractères de la stratification qui lui font reconnaître ce changement de position, c’est uniquement l’existence des cailloux, et sans eux il eût persisté à voir des phénomènes de cristallisation dans toute roche en couche non horizontale.

En cet endroit, un dépôt de sable et de cailloux qui s’étend sur les précédents lui prouve le dérangement antérieur de ceux placés dessous.

De Saussure, qui prenait constamment et avec un grand soin, la boussole à la main, la direction et l’inclinaison des couches, n’a jamais tiré la plus simple conséquence de ce mode d’observation ; aussi ne se rend-on compte de sa persistance à cet égard que par son habitude de noter tout ce qui pouvait être noté. On peut croire aussi qu’un manque complet d’aptitude à reproduire graphiquement ses observations l’a empêché très-souvent de tirer de celles-ci toutes les conséquences auxquelles il aurait été conduit par des dessins et des profils suffisamment

  1. Voyage dans les Alpes, vol. III, p. 5. Neufchâtel, 1796.