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barres ; mais on me rassure en m’apprenant que vous restez à Genève. La nouvelle salle est très belle, et digne de Soufflot qui l’a fait construire. C’est la première que nous ayons en France, et je serais d’avis d’y mettre pour inscription : Longo post tempore venit. Adieu, mon cher et illustre confrère ; rien n’est égal au désir que j’ai de vous embrasser, de vous remercier de toutes vos bontés pour nous, et de vous en demander de nouvelles. Permettez-moi d’assurer mesdames vos nièces des mêmes sentiments. Vale, vale.


Paris, 13 décembre 1756.


Vous avez, mon cher et illustre maître, très grande raison sur l’article Femme et autres ; mais ces articles ne sont pas de mon bail ; ils n’entrent point dans la partie mathématique dont je suis chargé ; et je dois d’ailleurs à mon collègue la justice de dire qu’il n’est pas toujours le maître ni de rejeter ni d’élaguer les articles qu’on lui présente. Cependant le cri public nous autorise à nous rendre sévères, et à passer dorénavant par-dessus toute autre considération : et je crois pouvoir vous promettre que le septième volume n’aura pas de pareils reproches à essuyer.

J’ai reçu les articles que vous m’avez envoyés, dont je vous remercie de tout mon cœur. Je vous ferai parvenir incessamment l’article Histoire contre-signé. Nos libraires vous prient de vouloir bien leur adresser dorénavant vos paquets sous l’enveloppe de M. de Malesherbes, afin de leur en épargner le port qui est assez considérable. Quelqu’un s’est chargé du mot Idée. Nous vous demandons l’article Imagination. Qui peut mieux s’en acquitter que vous ? vous pouvez dire comme M. Guillaume : Je le prouve par mon drap.

Le roi tient actuellement son lit de justice pour cette belle affaire du parlement et du clergé,

Et l’Église triomphe ou fuit en ce moment.

Tout Paris est dans l’attente de ce grand événement qui me paraît à moi bien petit en comparaison des grandes affaires de l’Europe. Les prêtres et les robins aux prises pour les sacrements vis-à-vis les grands intérêts qui vont se traiter au parlement d’Angleterre, vis-à-vis la guerre de Bohême et de Saxe, tout cela me paraît des coqs qui se battent vis-à-vis des armées en présence.

Personne ne croit ici que les vers contre le roi de Prusse soient votre ouvrage, excepté les gens qui ont absolument résolu de croire que ces vers sont de vous, quand même ils seraient d’eux.