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avec d’autres ; mais Dieu et vous, ou même vous toute seule, ne me feriez pas changer de langage. Nous irons certainement à Fontainebleau, et certainement aussi au Boulay. Dites, je vous prie, bien des choses pour moi à madame d’Héricourt, et assurez-là bien de l’impatience que j’ai de lui faire ma cour chez elle. Je pourrai bien voir Quesnay à Fontainebleau ; je lui parlerai de votre affaire certainement. Si madame de Pompadour veut me voir, je lui ferai dire que je crains de l’importuner encore pour l’affaire de l’abbé Sigorgne, dont je sais qu’elle ne veut point se mêler, quoiqu’elle m’eût promis le contraire ; voilà comme il faut traiter ces gens-là. On n’est point de l’Académie, mais on est quaker, et on passe, le chapeau sur la tête, devant l’Académie et devant ceux qui en font être. Donnez-moi, je vous prie, de vos nouvelles. Je crois que nous ne partirons pour Fontainebleau que vers le temps des fêtes, c’est-à-dire vers le 22 ou le 28. Ce n’est pas que nous nous soucions de ces fêtes-là, que peut-être nous ne verrons pas ; mais nous sommes tentés d’aller braver la musique française jusque sur le Rhône, soit en l’écoutant, soit en ne l’écoutant pas. À propos, dites-moi ce que vous pensez du P. Mat et de son confrère, qui doit s’appeler le P. Échec.


À LA MÊME.


Paris, 19 octobre.


Votre lettre, madame, est venue fort à propos ; car j’étais en peine de vous, et je vous aurais même écrit, si je n’avais attendu de vos nouvelles. Vous aviez écrit à M. de Mâcon une lettre plus noire que le Tartare et plus triste que les Champs-Élysées. Je m’imagine que votre secrétaire est mieux, car vous ne m’en parlez pas. Ne vous effarouchez point trop de ce que je vous ai mandé sur l’article Chronologique. Je crois bien que le président Hénault ne m’en remerciera pas : il le devrait pourtant ; car je dis que nous avons en notre langue plusieurs bons ouvrages en ce genre, le sien, celui d’un nommé Macquer, qui vaut mieux, quoique je ne le dise pas, et celui de deux bénédictins, qui vaut mieux que les deux précédents, mais que je me contente de nommer. Il fera sur l’Académie tout ce qu’il lui plaira : ma conduite prouve que je ne désire point d’en être ; et, en vérité, je le serais sans lui si j’en avais bien envie. Mais le plaisir de dire la vérité librement, quand on n’outrage ni n’attaque personne, vaut mieux que toutes les académies du monde, depuis la française jusqu’à celle de Dugast. Il m’a écrit sur ma