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CORRESPONDANCE

AVEC LE ROI DE PRUSSE.





Paris, 11 mars 1760.


Sire, j’ai trop bonne opinion de ma patrie pour imaginer qu’elle me fasse un crime de la reconnaissance ; mais, dût-il m’en arriver des malheurs que je ne dois ni prévoir ni craindre, je cède à un sentiment plus fort que moi. Je supplie donc votre majesté de recevoir mes très-humbles et très-respectueux remercîmens pour la belle épitre dont elle vient de m’honorer. Mon amour-propre, sire, en est si flatté, et à si juste titre, que mes éloges doivent être suspects ; cependant, ma vanité mise à part, il ne me paraît pas possible d’exprimer avec plus de force et de noblesse des vérités importantes au genre humain, et malheureusement trop peu connues de ceux qui devraient en être les plus puissans défenseurs.

Les circonstances présentes et mon respect pour les occupations de votre majesté, ne me permettent pas de lui en dire davantage. Puissions-nous, sire, pour le repos de l’humanité et pour le bien de la philosophie, qui a si grand besoin de vous, jouir bientôt de cette paix si désirée ! elle me procurera le seul bonheur que je souhaite, celui d’aller mettre aux pieds de votre majesté ma profonde vénération et mon attachement inviolable. Cette prose, sire, ne vaut pas les vers de votre majesté ; mais les sentimens qu’elle exprime sont simples et vrais comme elle. Je suis avec le plus profond respect, etc.


Paris, 22 décembre 1760.


Sire, j’ai respecté, comme je le devais, les grandes et glorieuses occupations de votre majesté durant cette campagne ; et c’est par ce motif que je n’ai pas cru devoir l’importuner même de ma reconnaissance. Votre majesté vient d’y acquérir de nouveaux droits par la belle écritoire de porcelaine qu’elle a bien voulu me donner ; je l’ai reçue, sire, le 15 août, jour dont les généraux autrichiens, malgré leurs épées bénites, se souviendront aussi long-tems que moi. L’usage le plus digne que je pusse