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Pourquoi ne lui écririez-vous pas directement ? cette lettre pourrait le déterminer. Je ne vous dirai point d’écrire a l’archevêque de Lyon qui est un janséniste hypocrite ; mais il pourrait gagner le duc de Nivernois, et vous feriez bien d’écrire à ce dernier qui, sûrement, ne voudra pas vous déplaire, quant à nos amis qui sont au nombre de huit à dix, je vous en réponds. N’oubliez pas surtout d’écrire fortement à l’abbé de Voisenon, à qui d’ailleurs je parlerai ainsi que Duclos, et à M. d’Argental qui parlera à Foncemagne de son côté. M. Marin nous conviendrait certainement mieux que le président Debrosses, et à tous égards : mais je doute fort que nous puissions réussir, et il ne faut pas le compromettre. Parmi les dix ou douze concurrents qui se présentent et dont j’ai perdu le compte, il en est surtout deux qu’il nous importe d’écarter, et même de dégoûter pour toujours. Comme il y en a au moins un des deux qui pourra avoir beaucoup de voix, il faut nécessairement nous réunir pour quelque autre ; et d’après les informations que j’ai prises, il ne serait pas possible, à ce que je vois, de nous réunir pour M. Marin. Je le verrai ce matin, et je lui parlerai sur ce sujet avec amitié et confiance.

Adieu, mon cher maître ; priez Dieu ne quid respublica detrimenti capiat, et ne négligez pas au moins d’écrire sur cet objet à tous les académiciens que vous en croirez dignes ; car il s’en faut de beaucoup qu’ils le soient tous. Vale et me ama.

Le roi de Prusse vient d’envoyer deux cents louis pour la statue, je l’apprends dans ce moment.


Paris, 7 octobre 1771.


Il n’est que trop vrai, mon cher maître, qu’il y a un arrêt du conseil qui supprime le discours de La Harpe. Cet arrêt a été sollicité par l’archevêque de Paris et par l’archevêque de Reims. Ils voulaient d’abord faire condamner l’ouvrage par la Sorbonne ; mais le syndic Ribalier s’y est opposé ; il se souvient de l’affaire de Marmontel. L’Académie a fait ce qu’elle a pu pour empêcher cette suppression, ou du moins qu’elle ne se fît par un arrêt du conseil ; mais tout ce qu’elle a pu obtenir, encore avec beaucoup de peine, a été que l’arrêt ne serait ni crié ni affiché ; mais il est imprimé, et il a été donné à l’imprimerie royale à ceux qui l’ont demandé. Vous noterez que, de tous nos confrères de Versailles, M. le prince Louis est le seul qui ait servi l’Académie dans cette occasion ; les autres, ou n’ont rien dit, ou peut-être ont tâché de nuire. Voilà où nous en sommes. Cet arrêt nous enjoint de faire approuver désormais, comme autrefois, les discours des prix par deux docteurs de Sorbonne. Il y a quatre ans que nous