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avidité pour tout ce qui vient de vous, et il ne tiendrait qu’à vous de la satisfaire encore mieux que vous ne faites. Je suis presque fâché quand j’apprends, par le public, que vous avez donné, sans m’en rien dire, quelque nouveau camouflet au fanatisme et à la tyrannie, sans préjudice des gourmades à poing fermé que vous leur appliquez si bien d’ailleurs. Il n’appartient qu’à vous de rendre ces deux fléaux du genre humain odieux et ridicules. Les honnêtes gens vous en ont d’autant plus d’obligation, qu’on ne peut plus attaquer ces deux monstres que de loin ; ils sont trop redoutables sur leurs foyers, et trop en garde contre les coups qu’on pourrait leur porter de trop près.

Les nouveaux soufflets que votre ami s’est essayé à donner aux jésuites et aux jansénistes, ont bien de la peine à leur parvenir ; ce seront vraisemblablement des coups perdus : il n’y a pas grand mal à cela, pourvu que les vérités qui accompagnent ces soufflets ne soient pas tout-à-fait inutiles.

Dites-moi, je vous prie, à propos de cela, où en est la nouvelle édition de la Destruction des jésuites ? pourriez-vous, si elle est enfin achevée, m’en faire parvenir quelques exemplaires ?

J’ai donné à mes petits gants d’Espagne une nouvelle façon qui leur procurera un peu plus d’odeur : je vous enverrai cela au premier jour, par frère Damilaville. Que dites-vous, en attendant, de ces pauvres diables-là qui courent la mer sans pouvoir trouver d’asile ? On serait presque tenté d’en avoir pitié, si on n’était pas bien sûr qu’en pareil cas ils n’auraient pitié ni d’un janséniste ni d’un philosophe. J’écrivais ces jours passés à votre ancien disciple que j’étais persuadé que s’il chassait les jésuites de Silésie, il ne tiendrait pas renfermés dans son cœur royal les raisons de leur expulsion. Je lui ai fait, par la même occasion, mes remerciements au nom de la raison et de l’humanité, de ce qu’on peut espérer des grâces de sa part, quoiqu’on ait passé le chapeau sur la tête devant une procession de capucins, et qu’on ait chanté devant son perruquier et son laquais des chansons de b…

J’ignore qui est ce faquin de Larcher qui a écrit sous les yeux du syndic Ribalier contre la Philosophie de l’histoire ; mais je recommande très instamment ce syndic Ribalier au neveu de l’abbé Bazin. Je lui donne ce syndic pour le plus grand fourbe et le plus grand maraud qui existe ; Marmontel pourra lui en dire des nouvelles. Croiriez-vous bien qu’il n’a pas été permis à ce dernier de se défendre, à visage découvert, contre ce coquin qui l’a attaqué sous le masque, et de lui donner cent coups de bâton pour les coups d’épingles qu’il en a reçus par les mains d’un autre faquin nommé Cogé, dit Cogé pecus, régent de rhétorique au