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reuse : mais la distinction que nous venons d’établir ne nous paraît pas moins réelle.

éloge, louange.

Ils diffèrent à plusieurs égards l’un de l’autre. Louange, au singulier et précédé de l’article la, se prend dans un sens absolu ; éloge au singulier et précédé de l’article le, se prend dans un sens relatif. Ainsi l’on dit la louange est quelquefois dangereuse ; l’éloge de telle personne est juste, est outré, etc.

Louange, au singulier, ne s’emploie guère, ce me semble, avec le mot une ; on dit un éloge plutôt qu’une louange : du moins louange, en ce cas, ne se dit guère que lorsqu’on loue quelqu’un d’une manière détournée et indirecte. Exemple : tel auteur a donné une louange bien fine à son ami.

Il semble aussi que lorsqu’il est question des hommes, éloge dise plus que louange, du moins en ce qu’il suppose plus de titres et de droits pour être loué : on dit de quelqu’un, qu’il a été comblé d’éloges, lorsqu’il a été loué beaucoup et avec justice ; et d’un autre, qu’il a été accablé de louanges, lorsqu’on l’a loué à l’excès ou sans raison.

Au contraire, en parlant de Dieu, louange signifie plus qu’éloge ; car on dit, les louanges de Dieu.

Eloge se dit encore des harangues prononcées ou des ouvrages imprimés à la louange de quelqu’un ; éloge funèbre, éloge historique, éloge académique.

Enfin ces mots diffèrent aussi par ceux auxquels on les joint : on dit, faire l’éloge de quelqu’un, et chanter les louanges de Dieu.

énergie, force.

Nous ne considérons ici ces mots qu’en tant qu’ils s’appliquent au discours ; car, dans d’autres cas, leur différence saute aux yeux.

Il semble qu’énergie dit encore plus que force ; et qu’énergie s’applique principalement aux discours qui peignent et au caractère du style. On peut dire d’un orateur, qu’il joint la force du raisonnement à l’énergie des expressions. On dit aussi, une peinture énergique, et des images fortes.

envie, jalousie.

Voici les nuances par lesquelles ces mots diffèrent.

1°. On est jaloux de ce qu’on possède, et envieux de ce que possèdent les autres : c’est ainsi qu’un amant est jaloux de sa maîtresse ; un prince, jaloux de son autorité.

2°. Quand ces deux mots sont relatifs à ce que possèdent les