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1°. Que vocabulaire et glossaire ne s’appliquent guère qu’à de purs dictionnaires de mots, au lieu que dictionnaire en général comprend, non-seulement les dictionnaires de langues, mais encore les dictionnaires historiques, et ceux de sciences et d’arts ;

2°. Que dans un vocabulaire les mots peuvent n’être pas distribués par ordre alphabétique, et peuvent même n’être pas expliqués. Par exemple, si on voulait faire un ouvrage qui contînt tous les termes d’une science ou d’un art, rapportés à différens titres généraux, dans un ordre différent de l’ordre alphabétique, et dans la vue de faire seulement l’énumération de ces termes sans les expliquer, ce serait un vocabulaire. C’en serait même encore un, à proprement parler, si l’ouvrage était par ordre alphabétique, et avec explication des termes, pourvu que l’explication fût très-courte, presque toujours en un seul mot, et non raisonnée.

3°. A l’égard du mot glossaire, il ne s’applique guère qu’aux dictionnaires de mots peu connus, barbares ou surannés : tel est le glossaire du savant Ducange, ad scriptores mediæ et infinæ latinitatis, et le glossaire du même auteur pour la langue grecque.

docte, savant.

Docte se dit lorsqu’il est question des matières d’érudition, et se dit des personnes plutôt que des ouvrages. Savant s’applique également aux matières d’érudition, et aux matières de science proprement dite, et se dit également des personnes et des ouvrages. Ainsi on dit un docte antiquaire, un savant géomètre, une savante dissertation sur quelque point de physique, de littérature, etc. Savant s’étend encore à d’autres objets, auxquels le mot docte ne peut s’appliquer : ainsi on dit d’un grand prince, qu’il est savant et non qu’il est docte en l’art de régner.

don, présent.

Ces deux mots signifient ce qu’on donne à quelqu’un sans y être obligé. Le présent est moins considérable que le don, et se fait à des personnes moins considérables, excepté dans un cas dont nous parlerons tout à l’heure.

Ainsi on dira d’un prince, qu’il a fait don de ses États à un autre, et non qu’il lui en a fait présent. Par la même raison, un prince fait à ses sujets des présens ; et les sujets font quelquefois des dons au prince, comme les dons gratuits du clergé et des États. Les princes se font des présens les uns aux autres par leurs ambassadeurs. Deux personnes se font par contrat un don mutuel de leurs biens.