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yeux les restes de Caton ; qu’ils nous servent de rempart contre la colère du vainqueur. Caton, même après sa mort, protégera encore ses amis.

Que les nations, si cruellement divisées, apprennent par cet exemple les funestes effets de la guerre civile ; c’est elle qui ébranle les États, qui les remplit d’alarmes et de troubles, qui livre Rome en proie même aux armes romaines, qui enfante la trahison, la cruauté, les meurtres, et qui prive de la vie de Caton ce coupable univers.

PENSÉE DE SÉNÈQUE SUR CATON.

[1] Voici un spectacle digne de Dieu, digne d’être contemplé par l’Éternel, s’applaudissant de son ouvrage : la vertu qui lutte contre le malheur. Certes, si Jupiter descendait parmi nous, il n’y verrait rien de plus grand que Caton abandonné de l’univers, debout et tranquille au milieu des ruines de sa patrie.

TRADUCTION DE QUELQUES PENSÉES
DU CHANCELIER BACON SUR DIFFÉRENS SUJETS.

CHAPITRE PREMIER.
De la Vérité.

Qu’est-ce que la vérité, dit Pilate en se moquant ? Et il n’attendit pas la réponse.

Les hommes aiment le faux, à cause de l’alliage qui s’y joint. Si on leur ôtoit les espérances flatteuses, la vaine estimation des choses, les idées chimériques, combien d’âmes resteraient abattues et flétries, pleines de tristesse et de langueur, à charge et déplaisantes à elles-mêmes ?

  1. Ecce spectaculum Deo dignum, ad quod respiciat, intentus operi suo Deus ! Ecce par Deo dignum, vir fortis cuni mala fortuna compositus. Non video, inquam, quid habeat in terris Jupiter pulchrius, si convertere animum velit, quam ut spectet Catonem, jam partibus non semel fractis, nihilominus inter ruinas publicas erectum.