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rendra plus de justice à votre courage, à votre sagesse, à votre équité, que celui même[1] qui, en vous nommant pour nos juges, a su choisir en vous les citoyens les plus éclairés, les plus fermes et les plus vertueux.

TRADUCTION DE QUELQUES SCÈNES DE LA TRAGÉDIE ANGLAISE DE CATON D’UTIQUE, PAR M. ADDISSON.


SCÈNE II DU SECOND ACTE.
DECIUS, ambassadeur de César ; CATON D’UTIQUE.
DÉCIUS.

CÉSAR fait des vœux pour Caton.

CATON.

Je recevrais les vœux de César s’ils s’adressaient aux amis de Caton qu’il a égorgés. N’est-ce pas au sénat que son ordre vous envoie ?

DÉCIUS.

C’est avec Caton seul que je dois traiter. César voit le péril où vous êtes, et, connaissant vos sublimes vertus, il est inquiet pour votre vie.

CATON.

Ma vie est entée sur le destin de Rome. César veut-il sauver Caton ? qu’il cesse d’opprimer sa patrie. Portez cette réponse à votre dictateur : Caton dédaigne une vie que César a le pouvoir de lui offrir.

DÉCIUS.

Rome et ses sénateurs sont soumis à César. Elle n’a plus de généraux et de consuls qui le retardent dans ses conquêtes, et qui s’opposent à ses triomphes. Pourquoi Caton refuserait-il d’être l’ami de César ?

CATON.

Les raisons que j’ai dites me le défendent.

DÉCIUS.

Caton, j’ai ordre de vous presser et de vous parler en ami,

  1. Pompée, alors tout-puissant dans Rome.