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simple, et qui me paraissait plus indiqué par ce qui suit ; mais je suis revenu à celui-ci, 1o. parce qu’il est plus beau ; 2o. parce que la phrase est en parenthèse dans le texte, ce qui indique une réflexion ; 3o. parce que le mot dominante paraît désigner un maître en général, et non pas Néron en particulier.

(132). Le privait de sa gloire de poëte. Le latin porte, famam carminum ejus premebat ; et premere peut signifier ici, ou déprimer, comme l’ont entendu d’autres traducteurs, ou étouffer, comme je l’entends, à cause de la phrase suivante : Néron empêchait Lucain de montrer ses vers. De plus, je n’ai rendu que vaguement la phrase vanus adsimulatione, qui est différemment entendue, et même différemment lue par les divers traducteurs et commentateurs. Je soupçonnerais qu’on pourrait lire adsimilatione, et j’entendrais que par la comparaison des vers de Lucain avec ceux de Néron, l’empereur ne paraissait plus qu’un poëte sans talent, et dont le vain mérite disparaissait en présence de son rival ; car il me semble que vanus pourrait ici avoir ce sens, c’est-à-dire, à peu près la signification d’evanescens. Au reste, ce n’est ici qu’une conjecture légère et hasardée, que je propose. Quelques uns lisent œmulatione, ce qui répondrait au sens que j’ai suivi dans ma traduction : lui ayant défendu, par jalousie, de montrer ses vers.

(133). Comme la suite le fit croire ; ut plerique tradidere de consequentibus. J’ai rapporté les mots de consequentibus à tradidere, et non, comme d’autres traducteurs, à suspicionibus ; il me semble que ce sens se lie mieux avec le nam qui suit. D’ailleurs suspicionibus arreptis de consequentibus' peut-il signifier, comme ces traducteurs paraissent l’avoir cru, l’espoir de la récompense qui devait suivre la délation ? Si Tacite l’avait voulu dire, il n’aurait pas, ce me semble, employé le mot suspicio, mais celui de spes, ou quelque autre équivalent. On pourrait, au reste, sous un autre point de vue, rapporter de consequentibus à suspicionibus, et entendre que Milichus jugea, par les préparatifs que faisait son maître, de ce qui devait s’ensuivre de ces préparatifs. Ce sens est aussi à peu près renfermé dans la manière dont j’ai traduit : cet ordre éclaira Milichus sur un complot qu’il ignorait. Ainsi les deux sens qu’on peut adopter ici sont rendus à la fois dans ma traduction.

(134). Elle ôta sa ceinture et l’attacha en forme de corde. J’ai traduit. fascia par ceinture, et laqueus par corde, suivant la signification naturelle de ces mots ; le premier veut dire à la lettre bande, et le texte ajoute, quam pectori detraxerat, ce qui semble désigner une ceinture ; le second désigne ce qui sert à serrer, à étrangler, etc. D’autres traducteurs rendent fascia par lacet, et laqueus par nœud coulant, traduction qui peut aussi être admise.

(135). Demande à finir son testament. Le texte poscit testamenti