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aurais-je pu conserver ma vie, etc. Mais il me semble que Britannicus étant mort dans le temps où Agrippine tient ce discours, celle interrogation offrirait un sens illusoire ; d’ailleurs le mot at, mais, qui suit, présente, ce me semble, une opposition, entre la crainte qu’Agrippine devait avoir de la domination de Plautus, et la sûreté dont Britannicus l’aurait laissé jouir. Il est vrai que ceux qui admettent l’interrogation changent at en ac ; mais je ne sais si quelque édition ou quelque manuscrit les y autorise. Quoi qu’il en soit, voici comme j’entends cet endroit de Tacite : en laissant régner Britannicus, dit Agrippine, il aurait pu me laisser vivre par reconnaissance de ne lui avoir pas préféré mon propre fils, tout adopté qu’il était par Claude ; mais si Plautus devient le maître, quel espoir me reste-t-il ? etc.

(107). Calvisius et Iturius sont éloignés de Rome, relegantur. Ce mot, selon Gesner, qui en rapporte des exemples, dit moins qu’exilé. Il me semble que relégué dirait davantage.

(108). Ou parce qu’elle était mieux ainsi, vel quia sic decebat. D’autres traduisent, ou pour avoir un air plus décent. J’ai préféré le premier sens, d’abord parce qu’il a plus de finesse, et d’ailleurs parce que le second sens me paraît un peu forcé ; car une femme peut avoir l’air très-décent et très-modeste en se montrant à visage découvert.

(109). Les murmures du Sénat, injurias Patrum… On pourrait aussi entendre le mot injurias de l’insulte faite au Sénat par les hauteurs d’Agrippine ; mais il me semble que les mots injurias Patrum se lient (avec les mots iram populi) au mot adversùs qui vient ensuite.

(110). Que son mariage avec son oncle avait accoutumée à tous les crimes. Tacite dit expressément dans un autre endroit, liv. 12 , chap. 5, qu’un tel mariage avait été jusqu’alors sans exemple chez les Romains, qui le regardaient comme une espèce d’inceste.

(111). Et apaiser l’humeur de ses parens. Le texte et placandum animum est équivoque, et peut se rapporter ou à Néron ou à sa mère ; cependant il me paraît un peu plus vraisemblable de le rapporter à Agrippine, 1°. à cause du tour de la phrase, ferendas parentum iracundias, et placandum animum, dans laquelle la conjonction et, jointe aux deux gérondifs ferendas et placandum, paraît rapporter à la fois les mots animum et iracundias au mot parentum. 2°. Parce que Néron sachant que sa mère était irritée contre lui, paraît l’appeler à sa cour, afin de l’apaiser. Si l’on veut rapporter à Néron les mots placandum animum, on pourra laisser subsister la manière dont j’avais traduit, dans les éditions précédentes, souffrir et oublier la mauvaise humeur de ses parens. Je sais que la phrase placandum animum devrait s’entendre de Néron, si elle était seule, placare animum tout