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eu cet endroit, ni assez précis, ni assez clair pour le commun des lecteurs.

Cette harangue de Germanicus à ses soldats séditieux semble imitée, en plusieurs endroits, de celle que Scipion, dans Tite-Live, fait en Espagne à son armée séditieuse. La ressemblance paraîtra surtout frappante dans ces mots de la harangue de Scipion : Quos ne quo nomine quidem appellare debeam, scio. Cives ? qui a patria vestra discistis. An militis ? qui Imperium auspiciumque abnuistis, sacramenti religionem rupistis, etc. Je ne sais de quel nom vous appeler ; Citoyens ? vous qui trahissez votre patrie. Soldats ? vous qui ne connaissez plus ni chefs, ni discipline, ni sermens, etc. On peut comparer les deux harangues, toutes deux très-belles ; mais celle de Tacite est plus courte et serrée, suivant le caractère de cet historien.

(27). S’étendit sur les vertus de son fils avec trop d’étalage, pour paraître sincère. Multaque de virtute ejus memoravit, magis in speciem verbis adornata, quam ut penitus sentire crederetur. On pourrait traduire aussi, débita sur les vertus de son fils un discours trop étudié pour qu’on le crût sincère ; ce qui serait un peu plus long, mais un plus littéral. Je crois pouvoir me permettre de proposer quelquefois dans ces notes différentes manières de traduire, qui m’ont paru avoir chacune leur avantage, et entre lesquelles j’ai hésité sur la préférence.

(28). Que ces jeunes princes seraient d’ailleurs excusables de renvoyer quelques demandes à leur père. Adolescentibus excusatum, quœdam apud patrem rejicere. On peut, ce me semble, traduire aussi, que ces jeunes princes pourraient d’ailleurs s’excuser de quelques refus sur les ordres de leur père. Ce sens me paraît autorisé par le mot rejicere, et par la phrase immédiatement suivante : resistentesque Germanico aut Druso, posse a se mitigari vel infringi. Au reste, ces deux sens paraissent assez proches l’un de l’autre pour qu’on puisse les adopter indifféremment.

Un peu plus hau, ligne 2 de la même page, j’ai traduit, multa quippe et diversa augebant, par ces mots, toujours hésitant et en suspens. On pourrait objecter que cette phrase paraît contredire la précédente, Tibère persista fermement à rester dans Rome ; mais elle s’accorde très-bien, et avec le texte, et avec ce qui suit, sur l’embarras où était Tibère par rapport à son voyage aux deux armées ; embarras qui le détermina à ne point partir. Cependant si cette contradiction prétendue n’était pas du goût des lecteurs, on pourrait traduire, et peut-être aussi bien, les mots multa quippe et diversa augebant, par ceux-ci, différentes idées l’agitaient.

(29). Trop peu de ressources dans les lois. Quia parum subsidii in legibus erat. Ces mots, in legibus, se rapportent-ils aux lois romaines ou à celles des Germains ? Il me paraît assez difficile de le