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gleterre, pour désigner les rois de ces deux nations. On ne le dit point, parce que ce n’est pas l’usage, et que ces princes prennent en effet, de l’aveu de leur nation même, le titre de rois, qu’Auguste évitait de prendre ; mais on peut très-bien dire chef de l’Etat, chef de la république, comme Tacite le dit plus bas en parlant de Tibère ; et c’est le vrai titre que prenait Auguste. »

(6). Par les guerres civiles. Voici une seconde traduction du commencement des Annales. Elle est un peu moins serrée, mais un peu plus littérale que l’autre ; le lecteur choisira entre ces deux versions, qui ont chacune leurs avantages, ou, pour les apprécier peut-être avec plus de justice, leurs défauts réciproques.

L’autorité des décemvirs ne dura que deux ans, et la puissance consulaire resta peu de temps aux tribuns des soldats ; la tyrannie de Cinna, celle de Sylla ne furent pas longues ; le pouvoir de Crassus et de Pompée céda bientôt à César, et les armes de Lépide et d’Antoine à celles d’Auguste, qui, sous le nom de chef, prit les rênes de l’Etat, fatigué de guerres civiles.

(7). Mon caractère m’en éloigne, et les temps m’en dispensent. Quorum causas procul habeo. La traduction paraîtra sans doute un peu paraphrasée ; mais ce qui précède semble prouver que Tacite a voulu renfermer dans la phrase latine les deux idées que j’ai cherché à exprimer dans la phrase française, et que je n’ai pu rendre d’une manière plus courte.

(8). Et le meurtre d’Antoine. Le texte dit, interfecto Antonio, Antoine ayant été tué. Tacite n’ignorait pas qu’Antoine s’était donné la mort à lui-même ; mais il veut sans doute faire regarder le suicide forcé de ce triumvir, comme un meurtre de la part d’Octave son ennemi, et j’ai cru devoir me conformer à cette idée.

(9). Ils préféraient la fortune qu’un maître leur assurait, au danger de refuser des chaînes : le texte dit, ac novis ex rébus aucti, tuta et præsentia, quàm vetera et periculosa mallent.

Dans les éditions précédentes, j’avais traduit ainsi : ils préféraient la fortune sûre que le nouveau gouvernement leur offrait, au danger de combattre pour la liberté ancienne. Cette traduction est plus littérale, mais moins concise, et celle que j’y ai substituée me paraît exprimer tout le sens de la phrase. Il n’y a que le mot vetera qui peut sembler n’être pas rendu ; mais il est suppléé par l’expression refuser des chaînes, qui suppose une liberté ancienne dont on veut jouir. On pourrait exprimer encore davantage le mot vetera, en traduisant au danger de se conserver libres ; mais refuser des chaînes renferme la même idée, et présente une image plus animée et plus noble. J’aurais pu traduire encore, au danger de la liberté ancienne ; mais cette phrase n’offre pas, ce me semble, un sens assez précis, et n’exprime