La connaissance qu’il avait de la langue italienne, fut pour lui un moyen de se rapprocher de M. le duc de Chartres ; M. de Saint-Laurent l’en avait écarté, soit par jalousie, soit à cause de l’ascendant que l’abbé Dubois prenait sur le jeune prince. Il parut à M. de Saint-Laurent un esprit dangereux et trop capable de plaire. Dans ce petit interrègne, Madame, à qui il avait fait sa cour à l’occasion des principes de la langue italienne qu’il enseignait par son ordre à Mademoiselle, fut informée de sa disgrâce à la cour du jeune prince son fils ; elle en demandâtes raisons à M. de Saint-Laurent, qui s’en expliqua avec la liberté d’un philosophe.
Après la mort de M. de Saint-Laurent, l’abbé Dubois fut fait précepteur en chef de M. le duc de Chartres, avec trois mille livres d’appointemens, c’est-à-dire qu’on lui continua mille livres qu’il avait auparavant, et qu’on y joignit les deux mille livres qui avaient été données à M. Fremont, comme lecteur de ce prince.
La connaissance particulière que son séjour au collège de Saint-Michel lui avait procurée de tous les bons sujets de l’Université, lui faisait trouver, lorsqu’il en avait besoin, dans la poussière de l’école, le mérite et les talens ; il les mettait en œuvre pour l’éducation de M. le duc de Chartres.
Il tenait dans une chambre inaccessible à tout autre qu’à lui, deux ou trois écrivains qui étaient occupés nuit et jour à copier tout ce que lui communiquait M. de Saint-Prés, qui était chargé alors par la cour de faire les extraits de toutes les négocialions étrangères. Il tirait à peu près les mêmes secours de M. Baluze, bibliothécaire de M. Colbert, qui avait sous sa garde une infinité de manuscrits précieux.
L’abbé Dubois fit soutenir à Saint-Cloud une espèce d’exercice public à M. le duc de Chartres sur les intérêts des princes ; c’était d’après les mémoires de M. de Saint-Prés. Le précepteur eut mille écus de gratification et cinq cents écus de pension.
En 1690, M. le duc de Chartres demanda pour lui, à M. de Harlay, archevêque de Paris, un canonicat vacant de Saint-Honoré, et l’obtint : il fallait être gradué ; on envoya en cour de Rome pour la dispense : l’abbé Dubois ne put même faire preuve d’aucune étude, et en effet son érudition était fort légère ; il avait quelques notions générales, et avec ce faible secours il suppléait à tout par beaucoup d’esprit et beaucoup d’adresse.
L’abbé Dubois suivit M. le duc de Chartres, son élève, dans ses campagnes de Flandre. Après l’affaire de Steinkerque, il en avait envoyé à monsieur une relation très-exacte et très-détaillée, suivant l’ordre qu’il avait eu de lui rendre compte de tout ce qui se passerait. Monsieur communiqua cette relation au roi ;