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À l’occasion de cette accusation de régicide, tant de fois renouvelée contre les Jésuites, nous rapporterons une anecdote curieuse. Il est étonnant que parmi tant de brochures qui ont appelé ces pères assassins, pas une seule n’ait fait mention d’un trait, à la vérité peu connu, mais qui semble donner beau jeu à leurs ennemis. À Rome, dans leur église de St.-Ignace, ils ont fait représenter aux quatre coins de la voûte, peinte il y a environ cent ans par un de leurs pères, des sujets tirés de l’Ancien Testament ; et ces sujets sont autant d’assassinats, ou au moins de meurtres, faits au nom de Dieu par le peuple juif ; Jahel, qui poussée par l’esprit divin, enfonce un clou dans la tête de Sisara à qui elle avait offert et donné l’hospitalité ; Judith, qui conduite par le même guide, coupe la tête à Holopherne après l’avoir séduit et enivré ; Samson qui massacre les Philistins par ordre du Seigneur ; enfin David qui tue Goliath. Au haut de la voûte, S. Ignace dans une gloire, lance des feux sur les quatre parties du monde, avec ces mots du Nouveau Testament : Ignem veni mittere in terram ; et quid volo nisi ut accendatur ? (Je suis venu mettre le feu sur la terre ; que puis-je désirer, sinon de le voir allumé ?) Il me semble que si quelque chose pouvait faire connaître l’esprit de la société par rapport à la doctrine meurtrière qu’on lui impute, ces tableaux en seraient une preuve plus forte que tous les passages qu’on rapporte de leurs auteurs, et qui leur sont communs avec tant d’autres : mais la vérité est que ces principes, appuyés en apparence par l’Écriture mal entendue, sont ceux des fanatiques de tous les temps, et nous pouvons ajouter, de la plupart des théologiens de parti, lorsqu’ils croiront avoir intérêt de les répandre, et pouvoir les prêcher en sûreté. Pour eux un prince hérétique et infidèle est un tyran, et par conséquent un homme dont la religion et la raison ordonnent également de se défaire. La seule chose qu’on doit reprocher aux Jésuites, c’est d’avoir abandonné ces abominables principes plus tard que les autres, après les avoir plus fortement soutenus ; de faire une profession particulière d’obéissance au pape, et d’obéissance plus étroite que les autres religieux ; d’être par cette raison d’autant plus à craindre dans l’État, qu’ils y sont plus accrédités, plus répandus, plus adonnés au ministère ecclésiastique, et surtout à l’instruction de la jeunesse ; de ne s’être jamais exprimés franchement et nettement, lorsqu’on ne les y a pas forcés, sur les maximes du royaume concernant l’indépendance des rois ; et d’avoir trop donné à entendre qu’ils regardaient ces maximes comme de simples opinions locales, sur lesquelles on pouvait soutenir le pour et le contre, suivant les pays où l’on se trouvait placé. On peut dire avec vérité et