AVERTISSEMENT.
Les différentes brochures qui ont été publiées sur l’affaire des Jésuites, on en excepte, comme on le doit, les réquisitoires des magistrats, respirent l’animosité et le fanatisme dans ceux qui ont entrepris ou d’attaquer ou de défendre la société. On peut dire de ces écrivains ce que Tacite disait des écrivains de son temps : Neutris cura posteritatis, inter infensos vel obnoxios (les uns et les autres, ulcérés ou vendus, ont oublié la postérité). Comme l’auteur de l’écrit suivant fait profession d’une assez grande indifférence pour les querelles de cette espèce, il n’a pas eu de violence à se faire pour dire la vérité, autant du moins qu’il a été à portée de la connaître, sur les causes et les circonstances de ce singulier événement ; s’il l’a quelquefois dite avec force, il se flatte au moins de l’avoir dite sans fiel ; et il espère que par là son ouvrage pourra ne pas déplaire à ceux qui comme lui sont dégagés de tout esprit de parti et d’intérêt. Il a même attendu, pour mettre cet écrit au jour, que les têtes ne fussent plus échauffées sur ce qui en fait l’objet ; il y perdra sans doute quelques lecteurs, mais la vérité y gagnera, ou du moins n’y perdra pas.
Les faits qu’on rapporte ici sont pour la plupart très connus en France ; ils le sont moins des étrangers, pour qui on s’est proposé d’écrire aussi bien que pour les Français. Les réflexions qu’on a jointes au récit historique pourront être utiles aux uns et aux autres, et peut-être encore plus aux Français qu’aux étrangers.