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DU PRÉSIDENT ROSE.

drai patience. Ce mot n’était pas, comme on pourrait le croire, un trait d’irréligion, ce n’était qu’un trait innocent et plaisant de malignité, pour frustrer l’avidité de ces prêtres du profit qu’ils espéraient tirer de sa mort. Le mot à peu près semblable du bon La Fontaine sur les damnés, à la fin ils s’y accoutumeront, n’était de même qu’un trait de sa bonhommie, qui croyait voir une incompatibilité trop frappante entre la bonté de Dieu et l’éternité des peines de l’enfer.

(4) Quelque attaché que le président Rose fût à ces deux grands poètes, on voit par les mémoires de l’abbé de Ghoisy, qu’il n’avait pas en eux la plus parfaite confiance ; il ne voulait point leur faire part des anecdotes qu’il avait été à portée de savoir, relativement à l’histoire du feu roi, qu’ils étaient, comme l’on sait, chargés d’écrire, mais qui n’a jamais paru, et peut-être jamais été faite : apparemment il craignait de leur part quelque indiscrétion qui le compromît.

L’autre jour, dit Vahbé de Choisy dans ses mémoires, M. Rose me contait les particularités de lamort du cardinal Mazari/i. Ah ! me dit-il, M. Racine voudrait bien être ici j il m’a mis plusieurs fois sur les voies, mais je ne lui ai jamais rien voulu dire. J’ai bien affaire qu’il m’aille citer à tort et à travers.

Si le président Rose se mettait quelquefois à son aise sur le comple de ses deux amis, ils savaient bien aussi le lui rendre dans l’occasion ;, on le voit par une lettre de Racine à Boileau : ce dernier était malade ; le roi s’était informé de son état, et lui avait conseillé quelques remèdes. M. Rose, lui dit Racine, m^a prié de vous mander de sa part, qu après Dieu, le roi était le plus grand médecin du monde, et j’ai été

viême fort édifié que M. Rose voulût bien mettre Dieu avant le roi

Boileau, de son côté, dit à Racine dans une autre lettre : M. Rose m’a confié les grands dégoûts qu’il avait de V Académie, jusquà méditer même d’y faire retrancher les jetons, s’il n’était, dit-il, retenu par la charité. Croyez-vous que les jetons durent long-temps, s’il ne tient qu’à la charité de M. Rose quils ne soient retranchés ?

C’est ainsi que ces trois amis s’égayaient innocemment sur le compte les uns des autres.

APOLOGIE

DE CLERMONT-TONNF.RRE

V.J nous demandera sans doute par quelle raison, ayant donne le litre d’Éloge aux articles qui concerncnl les autres académiciens, nous présentons, sous un titre bien moins flatteur, l’article’François de Clcrmont-Tonncire, tveque de Koyon, nt en i()2<) : icru le i3 dcccuibic 1694 ; luort le i5 fcvrier 1701.