Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, I.djvu/91

Cette page n’a pas encore été corrigée
53
DE L’ENCYCLOPÉDIE.

section conique appartient à la géométrie, la géométrie conduit à la physique particulière, celle-ci à la physique générale, la physique générale à la métaphysique, et la métaphysique est bien près de la grammaire à laquelle le mot accusatif appartient. Mais quand on est arrivé à ce dernier terme par la route que nous venons d’indiquer, on se trouve si loin de celui d’où l’on est parti, qu’on l’a tout-à-fait perdu de vue.

La seconde remarque que nous avons à faire, c’est qu’il ne faut pas attribuer à notre arbre encyclopédique plus d’avantage que nous ne prétendons lui en donner. L’usage des divisions générales est de rassembler un fort grand nombre d’objets : mais il ne faut pas croire qu’il puisse suppléer à l’étude de ces objets mêmes. C’est une espèce de dénombrement des connaissances qu’on peut acquérir ; dénombrement frivole pour qui voudrait s’en contenter, utile pour qui désire d’aller plus loin. Un seul article raisonné sur un objet particulier de science ou d’art, renferme plus de substance que toutes les divisions et subdivisions qu’on peut faire des termes généraux ; et pour ne point sortir de la comparaison que nous avons tirée plus haut des cartes géographiques, celui qui s’en tiendrait à l’arbre encyclopédique pour toute connaissance, n’en saurait guère plus que celui qui pour avoir acquis par les mappemondes une idée générale du globe et de ses parties principales, se flatterait de connaître les différens peuples qui l’habitent, et les États particuliers qui le composent. Ce qu’il ne faut point oublier surtout, en considérant notre système figuré, c’est que l’ordre encyclopédique qu’il présente est très-différent de l’ordre généalogique des opérations de l’esprit ; que les sciences qui s’occupent des êtres généraux, ne sont utiles qu’autant qu’elles mènent à celles dont les êtres particuliers sont l’objet ; qu’il n’y a véritablement que ces êtres particuliers qui existent, et que si notre esprit a créé les êtres généraux, ç’a été pour pouvoir étudier plus facilement l’une après l’autre les propriétés qui par leur nature existent à la fois dans une même substance, et qui ne peuvent physiquement être séparées. Ces réflexions doivent être le fruit et le résultat de tout ce que nous avons dit jusqu’ici ; et c’est aussi par là que nous terminerons la première partie de ce discours.

Nous allons présentement considérer cet ouvrage comme dictiomiaire raisonné des sciences et des arts. L’objet est d’autant plus important, que c’est sans doute celui qui peut intéresser davantage la plus grande partie de nos lecteurs, et qui, pour être rempli, a demandé le plus de soins et de travail. Mais