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DISCOURS PRÉLIMINAIRE

rang cette science y occupe, pour connaître la place que l’article doit avoir dans l’Encyclopédie. S’il arrive que le nom de la science soit omis dans l’article, la lecture suffira pour connaître à quelle science il se rapporte ; et quand nous aurions, par exemple, oublié d’avertir que le mot bombe appartient à l’art militaire, et le nom d’une ville ou d’un pays à la géographie, nous comptons assez sur l’intelligence de nos lecteurs, pour espérer qu’ils ne seraient pas choqués d’une pareille omission. D’ailleurs, par la disposition des matières dans chaque article, surtout lorsqu’il est un peu étendu, on ne pourra manquer de voir que cet article tient à un autre qui dépend d’une science différente, celui-là à un troisième, et ainsi de suite. On a tâché que l’exactitude et la fréquence des renvois ne laissassent là-dessus rien à désirer ; car les renvois, dans^ce dictionnaire, ont cela de particulier, qu’ils servent principalement à indiquer la liaison des matières, au lieu que dans les autres ouvrages de cette espèce, ils ne sont destinés qu’à expliquer un article par un autre. Souvent même nous avons omis le renvoi, parce que les termes à’art ou de science sur lesquels il aurait pu tomber, se trouvent expliqués à leur article, que le lecteur ira chercher de lui-même. C’est surtout dans les articles généraux des sciences qu’on a tâché d’expliquer les secours mutuels qu’elles se prêtent. Ainsi trois choses forment l’ordre encyclopédique : le nom de la science à laquelle l’article appartient ; le rang de cette science dans l’arbre ; la liaison de l’article avec d’autres dans la même science ou dans une science différente ; liaison indiquée par les renvois, ou facile à sentir au moyen des termes techniques expliqués suivant leur ordre alphabétique. Il ne s’agit point ici des raisons qui nous ont fait préférer dans cet ouvrage l’ordre alphabétique à tout autre; nous les exposerons plus bas, lorsque nous envisagerons cette collection comme dictionnaire des sciences et des arts.

Au reste, sur la partie de notre travail qui consiste dans l’ordre encyclopédique, et qui est plus destiné aux gens éclairés qu’à la multitude, nous observerons deux choses : la première, c’est qu’il serait souvent absurde de vouloir trouver une liaison immédiate entre un article de ce dictionnaire et un autre article pris à volonté ; c’est ainsi qu’on chercherait en vain par quels liens secrets section conique peut être rapprochée d’accusatif. L’ordre encyclopédique ne suppose point que toutes les sciences tiennent directement les unes aux autres. Ce sont des branches qui partent d’un même tronc, savoir de l’entendement humain. Ces branches n’ontsouvent entre elles aucune liaison immédiate, et plusieurs ne sont réunies que par le tronc même. Ainsi,