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DE L’ENCYCLOPÉDIE.

Tels sont les objets principaux de la mémoire. Venons présentement à la faculté qui réfléchit et raisonne. Les êtres tant spirituels que matériels sur lesquels elle s’exerce, ayant quelques propriétés générales, comme l’existence, la possibilité, la durée ; l’examen de ces propriétés forme d’abord cette branche de la philosophie, dont toutes les autres empruntent en partie leurs principes : on la nomme l’ontologie ou science de l’être, ou métaphysique générale. Nous descendons de là aux différens êtres particuliers ; et les divisions que fournit la science de ces différens êtres sont formées sur le même plan que celle de l’histoire.

La science de Dieu, appelée théologie, a deux branches ; la théologie naturelle n’a de connaissance de Dieu que celle que produit la raison seule ; connaissance qui n’est pas d’une fort grande étendue : la théologie révélée tire de l’histoire sacrée une connaissance beaucoup plus parfaite de cet Être. De cette même théologie révélée résulte la science des esprits créés. Nous avons cru encore ici devoir nous écarter de notre auteur. Il nous semble que la science, considérée comme appartenant à la raison, ne doit point être divisée comme elle l’a été par lui en théologie et en philosophie ; car la théologie révélée n’est autre chose que la raison appliquée aux faits révélés : on peut dire qu’elle tient à l’histoire par les dogmes qu’elle enseigne, et à la philosophie par les conséquences qu’elle tire de ces dogmes. Ainsi, séparer la théologie de la philosophie, ce serait arracher du tronc un rejeton qui de lui-même y est uni. Il semble aussi que la science des esprits appartient bien plus intimement à la théologie révélée qu’à la théologie naturelle.

La première partie de la science de l’homme est celle de l’âme ; et cette science a pour but, ou la connaissance spéculative de l’âme humaine, ou celle de ses opérations. La connaissance spéculative de l’âme dérive en partie de la théologie naturelle, et en partie de la théologie révélée, et s’appelle pneumatologie ou métaphysique particulière. La connaissance de ses opérations se subdivise en deux branches, ces opérations pouvant avoir pour objet, ou la découverte de la vérité, ou la pratique de la vertu. La découverte de la vérité, qui est le but de la logique, produit l’art de la transmettre aux autres ; ainsi l’usage que nous faisons de la logique est en partie pour notre propre avantage, en partie pour celui des êtres semblables à nous ; les règles de la morale se rapportent moins à l’homme isolé, et le supposent nécessairement en société avec les autres hommes.

La science de la nature n’est autre que celle du corps. Mais les corps ayant des propriétés générales qui leur sont communes,