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PRÉFACE.


Ces réflexions très-utiles, on ose le dire, à la religion même, et qui ne peuvent manquer par cette raison d’obtenir le suffrage des véritables gens de bien, ne pourront aussi manquer de déplaire à tous ceux qui en usurpent seulement le nom. Heureusement l’intérêt qui anime ces derniers est trop à découvert pour que le public impartial y soit trompé ; et c’est à ce public que l’auteur en appelle. La religion, qu’il s’est toujours fait un devoir de respecter dans ses écrits, est la seule chose sur laquelle il ne demande point de grâce, et sur laquelle il espère n’en avoir pas besoin. Si le fanatisme de la superstition lui paraît odieux, celui de l’impiété lui a toujours paru ridicule, parce qu’il est sans motif comme sans objet. Aussi a-t-il cette consolation, qu’on n’a pu tirer encore une seule proposition répréhensible dans ses ouvrages. Il ne parle point des passages qu’on a tronqués ou falsifiés pour le rendre coupable ; des imputations vagues qu’on lui a faites ; des intentions qu’on lui a prêtées ; des interprétations forcées qu’on a données à ses paroles ; avec une pareille méthode, on trouverait des erreurs dans les écrits même des Pères. Il a eu le malheur ou l’avantage d’être un des principaux auteurs de l’Encyclopédie ; et l’Encyclopédie, peu favorable à ces controverses futiles, a jeté sur tous les hommes de parti sans distinction, le ridicule et le mépris qu’ils méritent ; tous les hommes de parti doivent donc se liguer pour la détruire ; cela est naturel et dans l’ordre.