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SUR L’INOCULATION.

sonnemens qu’il renferme, nous nous bornerons à en extraire les assertions principales. Cet extrait servira à confirmer plusieurs de nos réflexions, et en même temps à prouver de nouveau ce que nous avons déjà remarqué, que les partisans même de l’inoculation ne s’accordent pas entièrement, ni sur les principes d’oii ils partent, ni sur les faits qu’ils rapportent.

I. Nos docteurs inoculistes conviennent qu’on peut avoir deux fois une véritable petite vérole y et même qu’il y en a des exemples ; mais ils avouent que souvent les médecins même s’y sont trompés ; ils estiment qu’en faisant l’évaluation la plus forte, le nombre de ceux qui ont deux fois la petite vérole peut être i sur 9 à 10,000. Ils paraissent croire d’ailleurs, mais d’après un raisonnement physique que nous ne prétendons pas garantir, que la récidive est encore moins à craindre après l’inoculation, qu’après la petite vérole naturelle ; aussi assurent-ils que, sur 200, 000 personnes inoculées en Angleterre, on n’a pu en assigner une seule qui ait eu ensuite la petite vérole. Cependant ils disent dans un autre endroit de leur mémoire, qu’il n’y a pas deux exemples incontestables d’un inoculé qui ait repris cette maladie ; en quoi ils semblent convenir que le fait est au moins arrivé une fois ; ce qui étant à la vérité très-rare, ne doit pas nuire à l’inoculation chez les personnes exemptes de préjugés. Ces médecins reconnaissent d’ailleurs, et en effet des observations incontestables le prouvent, que plusieurs personnes, infructueusement inoculées, ont eu ensuite la petite vérole naturelle, mais ce n’est pas de ces inoculés qu’il est question ; il s’agit de ceux sur lesquels l’inoculation a réussi. Au reste, on nous assure dans le mémoire qu’il n’y a aucun exemple d’une personne inoculée trois fois en pure perte. Cela peut être ; mais quand l’inoculation aura deux fois manqué son effet, faudra-t-il s’y soumettre une troisième fois ? Et quand on s’y sera soumis, avec ou sans succès, sera-t-on en sûreté contre la petite vérole pour le reste de ses jours ? C’est ce qu’on ne nous dit pas.

II. Les auteurs du mémoire paraissent convaincus de ce que nous avons avancé, que l’inoculation, rigoureusement parlant, ne fait perdre la vie à aucun sujet, à moins quelle ne soit mal à propos, ou mal administrée, ou quelle ne se trouve compliquée avec une autre maladie. Il y a, disent-ils, bien de la différence entre mourir de l’inoculation ou après l’inoculation ; d’où ils concluent que le succès dépend toujours de l’habileté, de l’expérience et de la sagesse de l’inoculateur. Ils avouent cependant qu’il peut quelquefois lui être difficile de ne s’y pas tromper : mais, ajoutent-ils, la médecine en général est dans le même cas par rapport à un grand nombre de maladies ; serait-ce une raison