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RÉFLEXIONS

retarder les progrès de cette opération. C’est même le seul moyen d’acquérir sur cette matière importante toutes les lumières qui nous manquent encore, et que l’expérience seule peut fournir.

Je dirai plus. Quand l’expérience déposerait enfin, contre toute vraisemblance, que l’inoculation serait inutile ou nuisible, on n’aurait rien à se reprocher des tentatives qu’on aurait faites, parce que le succès en était plus probable que le danger.

Je suis donc bien éloigné de dissuader mes concitoyens d’une pratique dont l’utilité paraît, au moins jusqu’ici, beaucoup mieux constatée que ses inconvéniens. Les objections proposées dans les deux premières parties de cet écrit, n’attaquent que les mathématiciens qui pourraient trop se presser de réduire cette matière en équations et en formules ; mais je crois d’ailleurs en avoir dit assez pour faire voir, que si les avantages de l’inoculation ne sont pas de nature à être appréciés mathématiquement, ils n’en paraissent pas moins réels.

C’est par là que je terminerai ces réflexions, dans lesquelles je ne crois pas que les partisans ni les adversaires de l’inoculation m’accusent d’avoir marqué la plus légère partialité ; ses adversaires, puisque j’ai tâché de prouver que les calculs qu’on a faits jusqu’à présent contre eux, n’étaient peut-être pas suffisans pour les convaincre ; ses partisans, puisqu’eù partant des faits avancés par eux, et qui ne paraissent pas avoir été solidement combattus, j’en conclus que l’inoculation mérite d’être encouragée.

Voilà, ce me semble, le parti que doit prendre le gouvernement sur cet important objet. À l’égard des particuliers, j’ai tâché de leur présenter la question par toutes les faces, et, après avoir balancé le pour et le contre, de leur exposer les motifs qui paraissent devoir les déterminer ; c’est à eux à voir maintenant ce qu’ils ont à faire.

Causa quœ sit, videtis ; nunc quid agendum sit, considerate.

Cic. pro lege Maniliâ.
EXTRAIT DU MÉMOIRE
Des commissaires de la Faculté de médecine, favorable à l’inoculation.

Les réflexions qu’on vient de lire étaient déjà données à l’impression lorsque ce mémoire a paru, après s’être long-temps fait attendre. Sans entrer dans le détail et l’examen de tous les rai-