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AVERTISSEMENT.

qui suppose des objectiçns au moins spécieuses, il tâchera de leur répondre ou de se corriger ; il ne répondra’point aux autres. Il ose même ajouter, tant il se croit sûr de la bonté de sa cause, qu’il n’est en Europe aucun mathématicien d’un grand nom au jugement duquel il ne soit prêt à s’en rapporter ; il n’en excepte qu’un géomètre célèbre qu’il a pris la liberté de contredire, et qui par conséquent ne peut être ici juge et partie. Jusqu’à présent ce savant illustre n’a répondu aux objections de l’auteur que par des expressions désobligeantes, qu’il n’a d’ailleurs accompagnées d’aucune raison bonne ou mavivaisej procédé que des hommes de son mérite ne devraient pas se permettre, quand ils y joindraient les meilleures preuves en faveur de leur opinion.

On n’a plus qu’un mot à ajouter. Plusieurs de nos lecteurs, ou de ceux qui voudront l’être, diront sans doute : Quoi, encore un écrit sur l’inoculation ! n’en sommes-nous pas déjà suffisamment inondés ? Il est un peu fâcheux, sans doute, d’écrire pour une nation qui ne saurait s’occuper long-temps du même objet, de quelque importance qu’il puisse être. Mais si cet ouvrage contient des vérités utiles, si on y a, comme on le croit, traité la matière d’après ses vrais principes, il ne sera pas venu trop tard, et l’auteur consentira volontiers à avoir moins de lecteurs frivoles, pourvu qu’il lui soit permis de compter sur ceux qui sont capables de réfléchir, et qui ne se lassent point, par air ou par légèreté, de voir approfondir et envisager par toutes ses faces un sujet intéressant pour la vie des hommes.