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SUR LA PRÉCESSION

est sans doute bon en son genre, ne saurait nous conduire à déterminer exactement la force de la lune, à cause du peu de lumières que nous avons sur la forme du globe que nous habitons ; le moyen que j’ai employé me paraît plus direct et plus sûr. J’avoue cependant qu’il suppose des observations très-exactes. Car si la nutation était seulement de 2″ plus grande, le rapport de la force lunaire à celle du soleil se trouverait beaucoup plus grand que je ne l’ai assigné, et beaucoup plus près de celui de Newton. Mais le peu d’altération que la lune paraît causer dans le mouvement annuel de la terre autour du soleil, suffirait peut-être pour montrer que la force de la lune est en effet beaucoup moindre que Newton ne l’a cru. D’un autre côté, par les observations du flux et reflux, la force de la lune sur la terre paraît plus grande que celle du soleil ; or le rapport de 7 à 3 que nous avons trouvé entre les deux forces satisfait à ces deux conditions. Je crois donc que l’on peut compter pour le présent sur l’exactitude des observations de Bradley, en remarquant seulement que la quantité de la nutation a besoin d’être déterminée avec la précision la plus rigoureuse.

À l’égard de la densité et de la figure des couches de la terre, je ne vois pas que mes calculs puissent servira la découvrir ; car on peut faire apparemment une infinité d’hypothèses, dans lesquelles on trouverait 50″ pour la quantité de la précession annuelle des équinoxes ; et dans un si grand nombre de suppositions, celle que nous devons choisir nous est inconnue. Mais par la même raison il y en a une infinité d’autres qui doivent être exclues, comme donnant une quantité trop grande ou trop petite pour le mouvement annuel des points équinoxiaux. Cette considération m’a conduit à des remarques singulières et curieuses. On verra, par exemple, que si la terre était un corps entièrement solide, et composé de couches elliptiques différemment denses, il faudrait qu’elle fut beaucoup moins aplatie qu’elle n’est en effet, pour que la précession annuelle fût de 50″. Cette remarque fournit, ce me semble, une nouvelle preuve de l’insuffisance des calculs de Newton ; elle paraît même d’abord contraire au système de l’attraction ; mais bien approfondie, elle lui devient très-favorable. Car quand nous regarderions la terre comme entièrement formée de couches solides, rien ne nous forcerait, ce me semble, à donner à ces couches la figure elliptique. Il paraît même douteux, par la comparaison des degrés de France, de Laponie et du Pérou, que la surface extérieure de la terre ait une telle courbure. Mais, sans insister sur cette remarque, nous pouvons nous contenter d’observer que la terre est en partie solide et en partie fluide. Or, suivant le