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DES ÉQUINOXES.

cessaire de ne se borner à aucune hypothèse particulière sur ce sujet, que les observations ne nous ont encore rien appris sur la figure ni sur la densité des couches intérieures de notre globe, quoiqu’elles nous aient fait connaître à peu près sa figure extérieure. Mais il me semble d’un autre côté que la généralité de notre supposition doive rendre la solution du problème tout-àfait indéterminée. Car le mouvement que l’action du soleil et celle de la lune impriment à l’axe de la terre, dépend beaucoup de la figure et de Tarrangement^les couches intérieures. Or dans l’ignorance où nous sommes sur cet arrangement et sur le rapport de la force du soleil à celle de la lune, comment pourrons-nous assurer que la précession des équinoxes doit être en effet de 50″ ? Heureusement la découverte de Bradley sur la nutation nous met en état de résoudre une partie de ces difficultés. Car quoique nous ignorions la constitution intérieure de notre globe, la théorie, d’accord avec les observations, nous apprend que la précession annuelle vient de l’action réunie du soleil et de la lune, et qu’au contraire la nutation et l’équation de la précession doivent être attribuées à l’action de la lune seule. Le calcul montre de plus que, quelque arrangement qu’on suppose dans les différentes couches de la terre, la quantité de la nutation et de la précession annuelle auront toujours entre elles le même rapport, quoique leurs valeurs absolues varient dans chaque hypothèse. D’où il s’ensuit que sans connaître l’arrangement des parties de la terre, on peut trouver le rapport des forces du soleil et de la lune, en comparant la quantité observée de la nutation avec la quantité observée de la précession. Je trouve par cette méthode que la force lunaire est à celle du soleil, à peu près comme 7 à 3, rapport qui est beaucoup moindre que celui de Newton, et presque le même que celui de Daniel Bernoulli, mais qui est déduit, ce me semble, de principes plus exacts. Je regarde cette découverte, si c’en est une, comme un des avantages les plus importans qu’on puisse tirer de ma théorie. Bradley s’est flatté avec raison que les observations qu’il vient de publier pourraient y conduire ; c’est aux savans à juger si j’ai rempli son attente. Ce grand astronome, supposant avec les astronomes français la terre plus aplatie que dans le cas de l’homogénéité, soupçonne que la force de la lune est moindre que Newton ne l’a trouvée ; ce qui doit en effet paraître assez vraisemblable. Car plus la terre sera aplatie, plus la lune et le soleil agiront sensiblement pour mouvoir son axe ; ainsi’puisque la quantité de la précession est de 50″, et que la force du soleil est connue, il faudra diminuer la force de la lune à mesure qu’on supposera la terre plus aplatie. Mais ce raisonnement, qui