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SUR LA PRÉCESSION

ne sont autre chose que la différence de l’attraction de ces astres sur le centre de la terre et sur ses parties extérieures. Elles sont donc entièrement analogues à celles qui produisent le flux et reflux de la mer ; car le mouvement des eaux de l’Océan vient de ce que les différentes parties de la terre sont attirées vers le soleil et vers la lune avec une force plus ou moins grande que son centre. C’est aussi par des observations choisies de la hauteur des marées, que Newton détermine le rapport de la force du soleil à celle de la lune, et qu’il trouve que la seconde est environ quadruple de la première. Cette méthode, qui est la seule dont ce grand philosophe ait pu faire usage, est très-ingénieuse, tant par elle-même que par la manière dont son illustre auteur l’a employée. Mais on doit convenir, ce me semble, qu’elle a quelque chose d’un peu vague. La profondeur et la figure des côtes, les vents et les courans, altèrent tellement la hauteur des marées, qu’il n’y a peut-être pas deux endroits sur la terre où elle soit exactement la même. Aussi Daniel Bernoulli trouve-t-il, par d’autres observations qu’il prétend mieux choisies et plus exactes, que la force de la lune est à celle du soleil, comme 5 est à 2 ; ce qui réduirait le mouvement annuel des points équinoxiaux à anoins de 35″, en conservant d’ailleurs toutes les autres hypothèses de Newton. Il me semble que bien loin de déterminer la précession des équinoxes par un rapport si incertain des deux forces, il serait bien plus sûr de trouver ce rapport par le moyen de la quantité observée de la précession et des mouvemens connus de l’axe de la terre. C’est ce que nous examinerons un peu plus bas.

Jusqu’ici, les objections que nous avons osé faire à Newton ne tombent que sur des hypothèses incertaines, ou tout au plus sur des erreurs de fait, qu’il n’était pas à portée de corriger, ni même de connaître. Mais voici, ce me semble, une méprise plus réelle : c’est celle où il paraît tomber, en calculant le mouvement que l’action du soleil doit produire dans l’axe de la terre. Je ne crois pas que le mouvement de l’enveloppe extérieure du globe, et celui de l’anneau auquel on a réduit cette enveloppe, doivent être entre eux comme les forces qui les animent, ainsi que Newton semble le supposer ; il est nécessaire, pour déterminer le rapport de ces mouvemens, d’avoir égard à la figure des masses que les puissances ont à mouvoir. Car, quoique les masses soient égales, elles sont cependant formées départies différemment disposées, et on ne peut déterminer le mouvement de la masse totale, sans connaître le mouvement isolé, pour ainsi dire, de chacune de ces parties. Qu’une force quelconque agisse sur un levier dont toute la masse soit ramassée à une de ses extrémités, il est facile de voir